Poutine en Mongolie, premier déplacement dans un État membre de la CPI

09:423/09/2024, Salı
AFP
Le président de Mongolie, Ukhnaagiin Khürelsükh et son homologue russe, Vladimir Poutine lors d'une cérémonie officielle de bienvenue à Oulan-Bator, le 3 septembre 2024.
Crédit Photo : SOFIA SANDURSKAYA / POOL / AFP
Le président de Mongolie, Ukhnaagiin Khürelsükh et son homologue russe, Vladimir Poutine lors d'une cérémonie officielle de bienvenue à Oulan-Bator, le 3 septembre 2024.

Le président russe Vladimir Poutine a entamé lundi en Mongolie son premier déplacement dans un pays membre de la Cour pénale internationale (CPI) depuis l'émission d'un mandat d'arrêt à son encontre, sans être arrêté.

Il est descendu de son avion dans la soirée à l'aéroport d'Oulan-Bator, la capitale mongole, sans être arrêté à sa descente, selon des images diffusées par la télévision russe.


Le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Georguiï Tykhiï, a qualifié de
"coup dur"
pour la légitimité de la CPI le fait que la Mongolie n'ait pas arrêté M. Poutine et a déclaré que Kiev ferait pression pour que le pays soit puni.

La Mongolie a permis au criminel inculpé d'échapper à la justice, partageant ainsi la responsabilité de ses crimes de guerre.

"Nous travaillerons avec nos partenaires pour veiller à ce que cela ait des conséquences pour Oulan-Bator"
, a-t-il déclaré dans un message publié sur les médias sociaux.

La CPI et les autorités ukrainiennes ainsi que des ONG appelaient également la Mongolie à arrêter Vladimir Poutine, visé par un mandat d'arrêt pour déportation illégale d'enfants ukrainiens.

Comme tous les autres Etats parties au Statut de Rome qui a fondé la CPI, la Mongolie
"a l'obligation de coopérer"
avec elle, avait déclaré à la presse un porte-parole de cette juridiction, Fadi el-Abdallah.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait aussi exhorté les autorités mongoles à
"transférer Poutine à la Cour pénale internationale de La Haye".

Plusieurs ONG ont rejoint cet appel lundi. Le pays
"doit arrêter"
Vladimir Poutine, qui
"fuit la justice"
, a insisté le directeur exécutif d'Amnesty International en Mongolie, Altantuya Batdorj.

Pour Maria Elena Vignoli, de l'organisation Human Rights Watch, accueillir le dirigeant russe serait
"un affront aux nombreuses victimes des crimes des forces russes"
en Ukraine.

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, avait toutefois noté la semaine dernière que le Kremlin n'avait
"pas d'inquiétude"
à ce sujet.

"Bien entendu, tous les aspects de la visite ont été soigneusement préparés"
, avait-il ajouté, vantant l'
"excellent dialogue avec nos amis mongols".

Quand un pays membre ne remplit pas ses obligations vis-à-vis de la CPI, cette dernière peut saisir l'Assemblée des Etats parties qui se réunit une fois par an mais dont les éventuelles sanctions se limitent essentiellement à une remontrance verbale.

Dans le passé, d'autres individus faisant l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour, comme l'ex-dictateur soudanais Omar el-Béchir, se sont rendus dans des pays signataires du Statut de Rome, sans être inquiétés.


La Mongolie l'a pour sa part signé en 2000, avant de le ratifier en 2002.

Impasse


La Russie, qui ne reconnaît pas la CPI, a toujours fermement rejeté les accusations portées par cette juridiction contre le président russe.


M. Poutine a toutefois pris soin depuis près d'un an et demi d'éviter certains voyages à l'étranger, faisant par exemple l'impasse sur le sommet des Brics en Afrique du Sud en août 2023, puis sur celui du G20 en Inde en septembre de la même année.

En revanche, il s'est rendu en Chine en mai, en Corée du Nord en juin ou encore en Azerbaïdjan mi-août, aucun de ces pays n'étant membre de la CPI.


En Mongolie, Vladimir Poutine doit s'entretenir avec son homologue Ukhnaa Khurelsukh et participer aux célébrations du 85e anniversaire de la victoire des armées soviétique et mongole contre le Japon, à la bataille de Khalkhin Gol en 1939.


La précédente visite du président russe en Mongolie remonte à septembre 2019.


La Mongolie est enclavée entre la Russie et la Chine, qui convoitent notamment ses riches ressources naturelles et veulent y accroître leur influence, tout comme les Etats-Unis.


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