ÉDITION:

Émeutes en France: indignation face à l'attaque d'un maire, une accalmie se dessine

La rédaction
10:193/07/2023, lundi
MAJ: 3/07/2023, lundi
AFP
Crédit photo: NASSIM GOMRI / AFP
Crédit photo: NASSIM GOMRI / AFP

Une attaque à la voiture-bélier contre le domicile d'un maire d'une localité de banlieue parisienne a soulevé une vague d'indignation en France, alors que la grand-mère de l'adolescent tué par un policier français a appelé dimanche à l'arrêt des violences déclenchées par cette mort.

Au cours d'une cinquième nuit de violences urbaines, des émeutiers ont défoncé le portail du domicile du maire de L'Haÿ les Roses, commune de 30.000 habitants de la banlieue sud de Paris, à l'aide d'une voiture préalablement incendiée, selon un procureur chargé de l'enquête ouverte pour
"tentative d'assassinat"
.

À 01H30 (23H30 GMT), les forces de l'ordre avaient procédé à 78 interpellations sur le territoire national, selon le ministère de l'Intérieur, et aucun incident majeur n'était signalé. À Paris et dans sa proche banlieue, 20 personnes avaient été interpellées à 01H00 (23H00 GMT), d'après la préfecture de police.

Le choc causé par l'agression visant le maire de L'Haÿ-les-Roses, commune de 30.000 habitants de la banlieue sud de Paris, avait fait passer au second plan la décrue des violences déjà constatée dans la nuit de samedi à dimanche dans de nombreuses villes.


Après ces faits, dans un contexte de recrudescence des attaques visant les élus, l'Association des maires de France (AMF) ont appelé à un rassemblement "civique" devant toutes les mairies lundi pour dénoncer la vague actuelle de violences urbaines, qui semblait toutefois en décrue dans le pays.

L'association a mis l'accent sur
"les troubles graves"
qui depuis le 27 juin,
"partout en France"
,
"ciblent avec une extrême violence les symboles républicains que sont les hôtels de ville, les écoles, les bibliothèques, les polices municipales"
.

Signe de la gravité de la crise vécue dans tout le pays depuis que Nahel, 17 ans, a été tué par un policier lors d'un contrôle routier mardi, le président Emmanuel Macron recevra lundi les présidents de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher, puis mardi les maires des
"plus de 220 communes victimes d'exactions"
, a annoncé dimanche un participant à l'issue d'une réunion autour du chef de l'État.

Le chef de l'État souhaite, en outre,
"débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements"
, selon l'Elysée.

En cinq nuits d'émeutes jusqu'à dimanche matin, le ministère de l'Intérieur a comptabilisé quelque 5.000 véhicules incendiés, près de 1.000 bâtiments brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries, plus de 700 membres des forces de l'ordre blessés...


"Confiance en la justice"


Après ce déferlement de violences soudain sur un large territoire, les appels au calme commencent à porter.


Dimanche après-midi, la grand-mère de l'adolescent tué mardi dernier à Nanterre, à l'Ouest de Paris, lors d'un contrôle routier après un refus d'obtempérer a lancé un message aux émeutiers.


"Qu'ils ne cassent pas les vitrines, qu'ils ne cassent pas les écoles, pas les bus"
, a exhorté Nadia sur BFMTV.

"Fatiguée"
,
"dévastée"
, elle a demandé que le policier auteur du tir mortel paye pour son geste
"comme tout le monde"
, en assurant avoir
"confiance en la justice"
.

Quelques heures plus tôt, plusieurs responsables politiques ont craint qu'
"un cap"
ait été
"franchi"
lors de l'agression qui a visé le premier magistrat de L'Haÿ-les-Roses, dimanche vers 01H30 (23H30 GMT), quand une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans l'enceinte de son domicile alors qu'il se trouvait dans sa mairie.

La justice a ouvert une enquête pour
"tentative d'assassinat"
.

En prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants, l'épouse du maire Vincent Jeanbrun, Mélanie Nowak, conseillère départementale et adjointe au maire, s'est fracturé le tibia et a été hospitalisée pour être opérée.


Le maire de L'Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun. Crédit photo: LUDOVIC MARIN / AFP

"Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison"
et, quand
"ils ont compris qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, loin d'arrêter au contraire, ils ont déclenché une salve de tirs de mortiers d'artifice qui était complètement folle"
, a témoigné Vincent Jeanbrun à la télévision.

"Jamais je n'aurais imaginé qu'on menace ma famille de mort"
, s'est-il indigné, appelant à
"un sursaut républicain"
.

Dispositif reconduit


Pour la troisième nuit consécutive, un dispositif massif a été maintenu en France, avec 45.000 gendarmes et policiers mobilisés.


Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard et la mort de Nahel, 17 ans, à Nanterre en lisière de la capitale ont choqué jusqu'au sommet de l'État, embrasé le pays et résonné bien au-delà des frontières françaises.


Plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne, ont mis à jour leurs conseils aux voyageurs en leur recommandant de ne pas se rendre dans les zones concernées par les violences. Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit dimanche
"préoccupé"
par les émeutes en France.

Cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires contre les violences policières ou l'État ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police. En trois semaines, 10.000 véhicules avaient été détruits, plus de 200 bâtiments publics incendiés et quelque 5.200 personnes interpellées.


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