La ville chinoise frontalière de Dandong, séparée de la Corée du Nord par le fleuve Yalu, constitue depuis longtemps une fenêtre privilégiée sur ce pays très isolé sur la scène internationale et sur ses échanges avec la Chine, son principal partenaire économique et diplomatique.
Mais la circulation des biens et des personnes est très perturbée depuis janvier 2020, lorsque les autorités nord-coréennes ont fermé la frontière face à l'avancée du Covid-19. Des milliers de ses citoyens sont, depuis, bloqués à l'étranger.
Comme à Dandong, dans le nord-est de la Chine, où ils sont nombreux.
Les sanctions de l'ONU interdisent aux Nord-Coréens de travailler à l'étranger, au motif qu'ils pourraient aider à financer le programme nucléaire de Pyongyang.
Mais depuis début 2023, l'AFP a recensé en Chine une dizaine de restaurants et hôtels où travaillent des Nord-coréens.
Selon des chercheurs occidentaux, ils bénéficient souvent de mauvaises conditions de travail et une grande partie de leur salaire est saisie par Pyongyang.
Mais ce semblant d'ouverture ne se traduit pas encore au niveau des échanges de marchandises, déplorent de nombreux commerçants de Dandong.
À proximité, des dizaines de bureaux et de magasins d'import-export tournent au ralenti ou ont leur rideau baissé.
Des journalistes de l'AFP présents à Dandong en septembre ont ainsi vu un train entrer dans la ville nord-coréenne de Sinuiju, puis effectuer le trajet inverse environ 45 minutes plus tard.
Le volume des échanges commerciaux Chine-Corée du Nord a récemment augmenté. Mais il reste inférieur de 30% à celui du mois précédant la fermeture des frontières, selon un calcul de l'AFP basé sur les chiffres des Douanes chinoises.
Il affirme que ses revenus ont diminué de moitié environ par rapport à la période précédant la pandémie du Covid-19 et dit s'être reconverti dans la confection de vêtements pour le marché chinois.
Tous s'expriment de manière anonyme car, le sujet des relations sino-coréennes reste sensible.
Interrogé par l'AFP, le service des Douanes à Dandong n'a pas souhaité s'exprimer sur le commerce transfrontalier.
Certains à Dandong disent toutefois pouvoir continuer d'exporter certaines marchandises comme des équipements médicaux ou des sous-vêtements.
Un marchand de perruques déclare qu'il envoie des matières premières en Corée du Nord avant de les réimporter pour les vendre.
Des organisations de défense des droits de l'homme ainsi que des transfuges nord-coréens affirment que le marché des cheveux en Corée du Nord emploie en partie des prisonniers.
Si la frontière est toujours fermée, les visiteurs chinois sont plus nombreux à Dandong depuis l'abandon fin décembre par la Chine des mesures anti-Covid, ont indiqué à l'AFP plusieurs agences de voyages.
Deux entreprises spécialisées dans les séjours en Corée du Nord pour touristes occidentaux parient sur une réouverture l'année prochaine.
Depuis un bateau sur le fleuve Yalu, une trentaine de touristes chinois observent les installations portuaires, les cheminées et les routes presque désertes de Sinuiju.