La récente conflagration au Moyen-Orient les a vus adopter des positions disparates, une fois de plus guidées par des intérêts spécifiques qui, à première vue, ne sont pas facilement conciliables.
Ces États ont leurs propres programmes et priorités en matière de politique étrangère, qui les placent parfois dans des camps diamétralement opposés, compte tenu de l’évolution des intérêts géopolitiques, qui sont aussi divers que l’on peut l’imaginer.
D’autres, dont les motivations politiques sont totalement différentes, comme le Ghana, le Kenya et la République démocratique du Congo, ont qualifié l’agression des militants de terrorisme et estimé que l’État juif avait le droit inaliénable de se défendre en cas d’agression.
La Zambie a également fait savoir sans équivoque qu’elle soutenait Israël.
Le carnage qui a suivi lorsque les combattants du Hamas ont frappé Israël au début du mois a dû évoquer les images sanglantes du propre rendez-vous du Kenya avec la terreur lorsque plusieurs militants d’al-Shabaab ont infiltré son territoire, tué de sang-froid des centaines de ses citoyens et menacé d’un cycle sans fin de violence abrutissante par la suite.
Ces intérêts et positions disparates font que l’idée flottante d’un programme concerté de politique étrangère continentale n’est pas la bonne. Il est compréhensible que ce programme prenne du temps à se mettre en place, car les pays africains réagissent de manière divisée aux problèmes mondiaux.
Ce réductionnisme diplomatique collectif a fait en sorte que l’Afrique frappe toujours lamentablement en dessous de son véritable poids, sapant ainsi sa position autour de la table haute de la diplomatie mondiale, même si les enjeux sont élevés.
Un pays comme le Maroc, qui a normalisé ses liens avec Israël, se retrouve dans une situation d’équilibre précaire: tolérer l’État juif sans perdre son sentiment de fraternité à l’égard des infortunés Palestiniens sur les villes desquels les bombes pleuvent depuis le début des représailles israéliennes contre le Hamas.
Historiquement, les pays du continent se sont identifiés à la lutte des Palestiniens pour se libérer du joug israélien. Pour souligner ce point, les dirigeants de la période qui a suivi immédiatement l’indépendance ont établi et maintenu des liens étroits avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont les représentants ont longtemps été des invités spéciaux dans les capitales africaines.
Au contraire, les nations africaines nouvellement indépendantes dans les années 1960 ont adopté une attitude tiède à l’égard d’Israël et ont apporté un soutien actif à la cause palestinienne.
Cependant, les sables mouvants de la diplomatie ont connu un changement radical au cours des dernières décennies, Israël étant passé d’un ancrage en Afrique dans les années 1970 à un ancrage diplomatique sur un continent aujourd’hui considéré par tous comme un acteur important dans les affaires mondiales.
Pour couronner cette offensive de charme, ces dernières années, l’augmentation de l’aide israélienne, les offres technologiques qui changent la donne et les accords militaires séduisants avec les pays du continent, ont été trop attrayants pour que les pays africains les rejettent d’un seul coup. Et ce, en dépit de leurs liens historiques étroits avec la lutte du peuple palestinien pour la création d’un État.
Les observateurs estiment qu’avec l’intensification du conflit entre Israël et le Hamas, les intérêts de l’Afrique trouveront un terrain fertile pour s’affronter sur la scène internationale et partager le butin. Quoi qu’il arrive désormais, ces pays auront joué un rôle indélébile dans le remodelage d’une région instable du monde avec laquelle ils partagent des liens étroits sur les plans religieux, culturel, économique, diplomatique et de la sécurité, ajoutent-ils.