Chômage, corruption, immigration: les principaux enjeux du scrutin en Afrique du Sud

14:4523/05/2024, jeudi
AFP
Des personnes font la queue devant la Haute Commission sud-africaine dans le centre de Londres, le 18 mai 2024, pour voter lors des prochaines élections générales en Afrique du Sud.
Crédit Photo : BENJAMIN CREMEL / AFP
Des personnes font la queue devant la Haute Commission sud-africaine dans le centre de Londres, le 18 mai 2024, pour voter lors des prochaines élections générales en Afrique du Sud.

L'Afrique du Sud tient le 29 mai des élections qui pourraient marquer un recul historique de l'ANC, au pouvoir depuis trente ans. Le chômage, la corruption et la faillite des services de base nourrissent une désillusion croissante.

Voici les principaux enjeux autour du scrutin pour élire une nouvelle Assemblée nationale, qui choisira ensuite le prochain président :


Un tiers du pays au chômage


La première puissance industrielle du continent est accablée d'un taux de chômage parmi les plus élevés au monde, des millions de Sud-Africains vivant dans la pauvreté ou dépendant d'aides sociales.


Selon les chiffres officiels, un tiers de la population active est aujourd'hui sans emploi, contre un quart quinze ans plus tôt. Le chômage est notamment alimenté par une croissance faible, à 0,6% en 2023.

Les jeunes nés depuis le début des années 1990 et qui n'ont jamais connu l'apartheid, appelés les "born free" (nés libres), sont les premières victimes du chômage, qui touche plus de 40% d'entre eux.


Réflexe anti-étranger


Le manque d'emplois alimente un ressentiment à l'égard des 2,4 millions d'étrangers recensés dans la deuxième puissance économique du continent, dont beaucoup d'Africains en quête d'une vie meilleure.


Parmi la cinquantaine de partis en lice, plusieurs jouent la carte xénophobe.


L'Afrique du Sud a été secouée à plusieurs reprises par des flambées de violences xénophobes, notamment en 2008, quand plus de 60 personnes ont été tuées dans des émeutes et des heurts, puis en 2015, 2016 ainsi qu'en 2019 et 2022.

En avril, le gouvernement a approuvé une réforme des lois sur l'immigration qui, si elle était adoptée, augmenterait le nombre d'expulsions. Le président Cyril Ramaphosa a promis de freiner l'immigration clandestine qui exacerbe
"de nombreux problèmes sociaux et économiques".

Stigmates de la corruption


"L'ANC est corrompu":
à moins de trois semaines du scrutin, cette phrase est sur les lèvres de nombreux électeurs qui promettent de se détourner du parti historique une fois dans l'isoloir.

Les multiples scandales impliquant de hauts responsables ont gravement terni la réputation de l'organisation. Selon une enquête hors norme sur la corruption d'État sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018), le pillage des caisses publiques a été systémique pendant des années.

Aucune poursuite n'a été engagée depuis la remise du rapport accablant en 2022. Cyril Ramaphosa a promis d'éradiquer la corruption mais est lui-même accusé d'avoir dissimulé des liasses d'argent sale dans un canapé d'une de ses propriétés. Une enquête est toujours en cours.


Pas d'eau, pas d'électricité


L'argent public a souvent été détourné au détriment des investissements dans les infrastructures pour assurer les principaux services de base.


Le pays et ses 62 millions d'habitants sont touchés par une grave crise de l'électricité engendrant des coupures pouvant aller jusqu'à douze heures par jour.

L'entreprise publique Eskom, lourdement endettée, ne produit pas suffisamment de courant dans ses centrales vieillissantes et mal entretenues qui fonctionnent quasi uniquement au charbon.


Les délestages ont toutefois été suspendus depuis fin mars. Campagne oblige, soulignent nombre d'observateurs et d'électeurs.

L'Afrique du Sud est l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, mais la question environnementale est absente du débat électoral. Le pays peine à mettre en œuvre sa transition vers les énergies renouvelables, la part du solaire notamment étant encore inférieure à 3% dans la production d'électricité, selon Eskom.


Viols, vols et meurtres


Un meurtre toutes les 18 minutes et un viol enregistré toutes les 11 minutes, selon la police. L'Afrique du Sud connaît une criminalité record et en constante hausse.


Le taux d'homicide par habitant est l'un des plus élevés au monde dans un pays non impliqué dans un conflit.


Cette criminalité, que la police en manque de moyens a bien du mal à endiguer, est notamment engendrée par l'activité de gangs et une large circulation illégale d'armes à feu.


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