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L'ancien président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma.
La plus haute juridiction d'Afrique du Sud a déclaré lundi l'ex-président Jacob Zuma inéligible en raison d'une condamnation à la prison en 2021, et prononcé son exclusion des élections prévues dans neuf jours, qui pourraient marquer un recul historique de l'ANC au pouvoir depuis trente ans.
Plus de 27,5 millions de Sud-Africains sont appelés le 29 mai à élire leurs députés, qui désigneront ensuite le prochain président. Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis la fin de l'apartheid, risque pour la première fois de perdre sa majorité absolue au Parlement et d'être contraint à former un gouvernement de coalition.
Les sondages attribuent plus de 8% des intentions de vote au nouveau petit parti d'opposition mené par Jacob Zuma, l'ANC tombant aux alentours des 40% et le premier parti d'opposition (Alliance démocratique, DA) dépassant les 20%.
M. Zuma, 82 ans, qui n'était pas présent à la Cour, était candidat à un siège de député, tête de liste du mouvement Umkhonto We Sizwe (MK, "Lance de la nation" en zoulou).
Mais condamné en 2021 à quinze mois de prison pour outrage à la justice après avoir refusé à plusieurs reprises de se présenter devant une commission d'enquête sur la corruption d'État pendant ses neuf années au pouvoir (2009-2018), son éligibilité était contestée et le débat autour de sa participation a monopolisé la campagne, nourrissant des craintes de possibles troubles.
L'incarcération de l'ancien président en juillet 2021 avait été suivie, dans un climat socio-économique morose, d'une vague de violences sans précédent dans le pays depuis la fin de l'apartheid, faisant plus de 350 morts. Des membres du MK ont promis
si les tribunaux tourmentaient leur formation avant les élections.
Le président Cyril Ramaphosa s'est toutefois dit lundi sur une radio locale "pas préoccupé par les incitations à la violence", affirmant que les forces de sécurité sont prêtes à faire face à une
"M. Zuma a été reconnu coupable d'une infraction et condamné à une peine d'emprisonnement de plus de 12 mois",
a déclaré la juge Leona Theron à la lecture de la décision de la Cour constitutionnelle.
"Par conséquent, il ne peut être élu membre de l'Assemblée nationale et ne peut se présenter aux élections".
Lors des dix heures de débats plus tôt en mai, Me Dali Mpofu représentant M. Zuma avait tenté de faire valoir que l'ancien président ne pouvait être considéré inéligible puisque sa peine de prison a été écourtée.
Le sulfureux leader n'avait passé qu'un peu plus de deux mois derrière les barreaux, bénéficiant d'abord d'une libération conditionnelle pour raison de santé, puis d'une remise de peine.
La haute juridiction a mis lundi un terme à la saga judiciaire entourant l'éligibilité de M. Zuma, estimant que seule la durée de la peine prononcée est pertinente et non la durée de la peine purgée.
Fin mars, la commission électorale (IEC) avait exclu Jacob Zuma du scrutin. Cette décision avait été renversée en avril par un tribunal électoral. L'IEC a finalement saisi la Cour constitutionnelle le mois dernier.
Quelques dizaines de partisans de M. Zuma, poussé à la démission en 2018 après une série de scandales et encore jugé pour corruption, étaient rassemblés lundi matin devant la Cour à Johannesburg, brandissant des pancartes à son effigie.
"Nous sommes très déçus",
a reconnu Lindiwe Mtshali, 39 ans, membre du parti MK, ajoutant que Jacob Zuma restera néanmoins la figure du mouvement. L'ancien président suspendu par l'ANC en janvier a toujours bénéficié d'un fervent soutien populaire et conservé une influence.
Ajoutant que son
"parti ne perdra pas de voix pour autant"
l'analyste politique Sandile Swana a souligné:
Le fait qu'il soit inéligible ne signifie pas qu'il est hors-jeu car il peut toujours faire campagne pour le MK et en être le visage.
La décision de la Cour survenant après l'impression des bulletins de vote, la photo de M. Zuma y figurera mais sa candidature sera retirée des listes officielles, a précisé la Commission électorale.
Selon les experts, le MK pourrait séduire d'anciens partisans de l'ANC déçus par un chômage endémique et la multiplication des scandales de corruption impliquant des hauts dirigeants.
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