Le maire de Troisdorf, ville de près de 80.000 habitants non loin de Cologne, ne s'attendait pas à être pris dans le tourbillon de la politique internationale.
Le ministre Boris Pistorius a lancé:
La pression (...) est grande car il y a en Europe et en Allemagne un véritable goulot d'étranglement sur les munitions.
Un bras de fer oppose depuis des semaines la municipalité de Troisdorf au géant allemand de l'armement Diehl Defense qui produit dans son usine locale des dispositifs d'allumage nécessaires pour l'amorçage de grosses quantités d'explosifs, par exemple les charges de missiles et de roquettes.
Ces pièces entrent notamment dans la fabrication du système de défense aérienne mobile Iris-T, dont le gouvernement allemand a livré une troisième unité fin novembre à l'Ukraine.
Le site de Troisdorf est ainsi un maillon important pour servir les objectifs européens de soutien militaire à l'Ukraine, pays qui exhorte ses alliés à lui fournir plus de munitions au moment où il peine à repousser l'offensive russe.
La part de l'industrie allemande dans ce plan devrait être à terme de 300.000 à 400.000 obus par an, soit plus du triple de la production au moment de la guerre en Ukraine début 2022, indiquent à la presse française des sources industrielles.
Mais Diehl Defence voit l'avenir de son site de Troisdorf gravement menacé depuis que la ville a décidé de préempter une partie de la zone d'activité où le groupe est implanté, via sa filiale DynITEC.
Le fabricant d'armes souhaitait acheter le terrain, mis en vente par l'ancienne entreprise d'armement Dynamit Nobel, pour pouvoir étendre sa capacité de production.
De son côté, la municipalité envisage de transformer cette surface grande comme 50 terrains de football, idéalement placée près du centre-ville, en espace résidentiel et commercial.
Membre du directoire de Diehl Defence, Thomas Bodenmüller juge:
En remettant en question le site de Troisdorf, la capacité de défense de la République fédérale d'Allemagne est altérée.
Il s'agit de l'Ukraine, mais aussi et surtout de la sécurité de l'Allemagne.
Il n'est pas le seul à faire de la résistance. Cet été le groupe Rheinmetall, autre fleuron de l'industrie allemande de l'armement, avait dit renoncer à bâtir une usine de poudre dans la région de Saxe, à l'est de l'Allemagne.
Le projet avait suscité des inquiétudes au sein de la population locale. L'usine devrait finalement être construite en Bavière.
Son homologue allemand a lui estimé que l'UE ne serait pas en mesure d'atteindre son objectif d'un million de munitions livrés à l'Ukraine d'ici le printemps 2024.