Beyrouth affirme qu’Israël cherche des discussions économiques pour contourner le cessez-le-feu

La rédaction avec
17:5218/12/2025, الخميس
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Des personnes regardent les premiers secours rechercher des survivants sur le site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé le village de Jbaa, dans le sud du Liban, le 4 décembre 2025.
Crédit Photo : MAHMOUD ZAYYAT / AFP
Des personnes regardent les premiers secours rechercher des survivants sur le site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé le village de Jbaa, dans le sud du Liban, le 4 décembre 2025.

Les appels d’Israël à engager des négociations économiques avec le Liban constituent une tentative de contourner son non-respect du cessez-le-feu, a déclaré le vice-Premier ministre libanais, Tarek Mitri.

Ses propos interviennent à la veille d’une réunion attendue vendredi entre Beyrouth et Tel-Aviv dans le cadre du Comité du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu.


Selon Mitri, Israël cherche à élargir l’ordre du jour de ces discussions, initialement centré sur les questions sécuritaires, afin d’y inclure des volets économiques.


Le Liban, pour sa part, insiste pour que les pourparlers se concentrent exclusivement sur l’arrêt des attaques israéliennes, le retrait des forces israéliennes des territoires libanais occupés et la libération d’environ 20 détenus libanais.

Créé dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu de novembre 2024, le Comité du mécanisme réunit des représentants militaires du Liban, de la France, d’Israël, des États-Unis ainsi que de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).


Les attentes du Liban


Dans un entretien accordé à Anadolu, Tarek Mitri a indiqué que Beyrouth attend deux résultats majeurs de cette réunion. D’une part, une reconnaissance internationale du fait que l’armée libanaise assume pleinement ses responsabilités au sud du fleuve Litani. D’autre part, une intensification de la pression politique et diplomatique sur Israël afin qu’il respecte le cessez-le-feu.


Selon lui, le respect de cet accord doit ouvrir la voie au retrait israélien des collines encore occupées et à la remise des détenus libanais. Il a souligné que le mécanisme de surveillance demeure le cadre approprié pour traiter ces dossiers.


Commentant la proposition israélienne de transformer ce comité en plateforme de négociations économiques, Mitri a estimé qu’une telle initiative détourne l’attention de l’enjeu principal.


"Chaque partie est libre d’exposer ses positions",
a-t-il déclaré, tout en réaffirmant que la priorité du Liban reste l’application stricte du cessez-le-feu.

Ces déclarations coïncident avec la décision du Liban de nommer l’ancien ambassadeur Simon Karam à la tête de sa délégation auprès du Comité du mécanisme. Une initiative critiquée par le Hezbollah, qui la juge prématurée et contraire aux assurances précédentes selon lesquelles la participation civile serait conditionnée à la fin des hostilités.


Réponse aux menaces israéliennes


Plus tôt ce mois-ci, le radiodiffuseur public israélien a rapporté que l’armée israélienne avait achevé ses préparatifs en vue d’une offensive d’envergure contre des cibles liées au Hezbollah, si le gouvernement libanais et l’armée ne parvenaient pas à démanteler l’arsenal du mouvement d’ici fin 2025.


Tarek Mitri a relativisé ces déclarations, les qualifiant d’hypothétiques.


"Que signifie exactement la guerre ?"
, s’est-il interrogé, se demandant si ces propos font référence aux assassinats ciblés et aux frappes en cours touchant des civils, ou à une opération militaire de grande ampleur.

Il a précisé que le Liban n’a reçu aucun avertissement direct d’Israël, soulignant l’absence de canaux de communication officiels entre les deux pays. Il a toutefois reconnu que des émissaires étrangers ont relayé les préoccupations israéliennes concernant la reconstruction des capacités militaires du Hezbollah et exhorté Beyrouth à accélérer l’extension de l’autorité de l’État et le traitement de la question des armes.


Ce qui importe avant tout pour le Liban, a-t-il insisté, c’est que la communauté internationale reconnaisse que l’armée libanaise, avec le plein soutien du gouvernement, fait tout son possible pour honorer ses engagements.


Il a ajouté qu’une pression excessive sur Beyrouth n’est plus justifiée, compte tenu de l’évolution des perceptions internationales.


En août, le gouvernement libanais a approuvé un plan visant à placer toutes les armes, y compris celles du Hezbollah, sous le contrôle de l’État. En septembre, il a validé un plan en cinq phases élaboré par l’armée pour mettre en œuvre cette décision, sans fixer de calendrier précis.


La première phase prévoit le retrait des armes du Hezbollah au sud du Litani d’ici la fin de l’année. Toutefois, le Hezbollah rejette toute idée de désarmement tant qu’Israël ne se sera pas totalement retiré du territoire libanais.


Israël et le Liban sont parvenus à un cessez-le-feu après plus d’un an d’affrontements transfrontaliers sur fond de guerre à Gaza, ayant fait plus de 4 000 morts et 17 000 blessés. Selon l’accord, les forces israéliennes devaient se retirer du sud du Liban en janvier, mais ne l’ont fait que partiellement, maintenant une présence militaire dans cinq postes frontaliers.


Relations avec la Syrie


Tarek Mitri a également indiqué que le Liban cherche à renforcer sa coopération avec la Syrie dans le cadre d’un regain d’engagement diplomatique, après la chute du régime d’Assad à la fin de l’année dernière.


En novembre, il s’est rendu à Damas pour des entretiens avec le président syrien Ahmed al-Sharaa et de hauts responsables, afin d’aborder des dossiers bilatéraux de longue date et d’améliorer la coordination entre les deux pays.


La question la plus urgente, selon lui, concerne le sort des détenus syriens dans les prisons libanaises. Beyrouth prépare un accord de coopération judiciaire prévoyant le transfert des prisonniers et détenus syriens incarcérés au Liban, dont le nombre est estimé à environ 2 000.


Mitri s’est dit optimiste quant à une solution prochaine, soulignant la forte volonté politique au Liban de régler ce dossier. Il a qualifié les discussions avec Damas de fraternelles, menées par des comités conjoints privilégiant la négociation et le compromis.


La sécurité frontalière figure également parmi les priorités, suivie des discussions sur la délimitation de la frontière terrestre. La question des frontières maritimes, a-t-il précisé, sera abordée à une étape ultérieure.


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