- 15.11.2024, vendredi
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Le jeune chercheur béninois, Bienvenu Adjé (D), a élaboré un engrais organique issu de mauvaises herbes qu'il achète auprès d’associations de femmes. Crédit photo: Romuald VISSOH / Nouvelle Aube
Les agriculteurs du monde entier et ceux d'Afrique en particulier ont toujours les mauvaises herbes comme bête noire. Cela justifie la fabrication de produits chimiques tels que les herbicides. Mais depuis quelques années, les travaux d'un jeune chercheur béninois l'ont amené à rendre les mauvaises herbes utiles.
Bénin: Des engrais organiques à base de mauvaises herbes
International / Afrique
22 June, Thursday
Bienvenu Adjé, 34 ans, est un jeune béninois titulaire d'un master en ingénierie de la protection de l'environnement. Très intéressé par la recherche, il a réussi à découvrir une technique d'extraction des minéraux organiques des mauvaises herbes, ennemies jurées des agriculteurs.
Dans son processus de fabrication, Bienvenu Adjé collecte ou achète les mauvaises herbes. Le coton hitus, par exemple, est une mauvaise herbe très répandue.
"C'est une plante qui a un fort potentiel en éléments minéraux principalement le magnésium mais aussi d'autres éléments. Elle n'est pas mauvaise en tout ce qui est sodium et potassium aussi. C'est la plante à partir de laquelle il faut formuler un engrais spécifique pour la pastèque"
, s’exclame-t- il.
La technique...
La technique...
La méthode de Bienvenu Adjé consiste à extraire les minéraux des plantes vivantes ou mortes dans une usine artisanale qu'il a montée chez lui. Il apporte ensuite la solution obtenue au laboratoire de la Faculté des sciences agronomiques de l'Université d'Abomey-Calavi pour un traitement scientifique.
"La technologie d'extraction est basée sur la bio-minéralisation. Elle est assez particulière puisque c'est nous qui l'avons développée dans nos travaux de recherche"
, se vante-t-il.
Actuellement dans nos laboratoires, nous n'avons pas encore vu un travail similaire.
Bienvenu Adjé est très fier des résultats obtenus à la suite de ses recherches.
"Aujourd'hui, les engrais que nous obtenons à la fin de notre processus sont des engrais complets. Ils contiennent non seulement les éléments principaux NPK
(azote, phosphore, potassium)
dont tout le monde parle, mais aussi les éléments secondaires
(calcium, magnésium et sulfates)
. Il y a aussi des oligo-éléments"
, complète le jeune chercheur béninois.
ABC Grower !
ABC Grower !
Après l'invention des engrais organiques, des tests ont été faits pour certifier leur efficacité sur le site de l'Université d'Abomey-Calavi. De nombreux enseignants sont stupéfaits par ce que Bienvenu Adjé tire des mauvaises herbes.
Le jeune inventeur a baptisé ses différents engrais African Bio Compost (ABC) Grower. Certains sont destinés à la culture maraîchère, d'autres sont recommandés pour les cultures vivrières.
L'étudiant fait aujourd'hui la fierté de son maître à la faculté des sciences agronomiques de son université au Bénin.
"Il renforce ce qu'on appelle aujourd'hui l'agriculture biologique parce qu'on cherche des alternatives aux intrants chimiques, surtout dans le maraîchage"
, se réjouit Prof. Adam Adanchédé. L’enseignant-chercheur renchérit
"au niveau du maraîchage, les intrants chimiques de synthèse ne doivent pas être utilisés"
.
Des prix à gogo
Des prix à gogo
Avec ces inventions, Bienvenu Adjè ne récolte que des récompenses. En 2019, il a remporté le prix de l'innovation agricole du Bénin décerné par le ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche. Toujours en 2019, il a obtenu le prix Changemaker pour l'innovation sociale Afrique francophone USDAF Ashoka à Dakar au Sénégal. En 2018, c'est le prix de l'initiative pour le climat qui lui a été décerné. En 2017, il a obtenu le prix de la meilleure innovation sociale, Changemaker Afrique de l'Ouest au Sénégal. En 2016, il a remporté le 2e prix de l'innovation technologique agricole au Bénin.
Bienvenu Adjè est maintenant un acheteur de mauvaises herbes auprès d’associations de femmes. Ce partenariat est gagnant-gagnant d’autant plus que les femmes sont sorties de l’oisiveté.
Par Romuald VISSOH
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