M. Lam, 66 ans, à la tête de ce ministère depuis 2016, y a adopté une ligne dure à l'égard des mouvements de défense des droits humains.
Sa chute spectaculaire est intervenue alors que le Vietnam connaît de lourds changements politiques, son prédécesseur ayant lui aussi été évincé dans le cadre d'une campagne anticorruption qui a vu des milliers de personnes limogées, dont plusieurs ministres, et des chefs d'entreprise de premier plan jugés pour fraude et corruption.
Comme le magnat de l'immobilier Truong My Lan, condamné à mort en avril dans une affaire de fraude de plusieurs milliards de dollars.
Tran Thanh Man, 61 ans, a été nommé pour lui succéder, ont indiqué les médias d'État samedi. Jusqu'alors vice-président de l'Assemblée, il devient ainsi l'un des quatre piliers du régime, avec le secrétaire général du PCV, le président et le Premier ministre.
Mais le nouveau président a joué lui aussi un rôle important dans ces purges, selon Zachary Abuza, professeur au National War College de Washington : M. Lam a utilisé les enquêtes anticorruption comme des armes et "systématiquement éliminé les rivaux du bureau politique qui étaient éligibles pour devenir secrétaire général" du PCV.
Ce Politburo du parti, où sont prises toutes les grandes décisions du régime et qui comptait autrefois 18 membres, est ainsi tombé à 12 avec la perte en 18 mois de deux présidents, du président de l'Assemblée, d'un vice-Premier ministre et du chef de la commission économique du parti. Le PCV a cependant annoncé jeudi quatre nouvelles nominations.
To Lam a passé toute sa carrière au sein du ministère très secret de la Sécurité publique, qui s'occupe du contrôle de la dissidence.
Au Vietnam, aucune opposition au régime du parti unique n'est tolérée, les voix critiques étant soumises à de l'intimidation, du harcèlement et des restrictions de déplacement.
Les groupes de défense des droits affirment même que le pouvoir a intensifié ces dernières années la répression.
Selon l'ONG vietnamienne The 88 Project, Nguyen Van Binh, 51 ans, travaillait dans l'équipe chargée de la ratification de la convention de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur la liberté d'association et le droit d'organisation.
Elle garantit aux travailleurs le droit de former des syndicats indépendants sans autorisation préalable.
Or, selon The 88 Project, le régime a rédigé en juillet dernier une directive restée secrète - la directive 24 - qui assimile l'ouverture des droits, notamment la liberté syndicale, à une menace pour la sécurité nationale.
Il s'était pourtant engagé à ratifier la convention de l'OIT, dans le cadre d'un accord de libre-échange avec l'Union européenne (UE), et affirme que son droit du travail est conforme aux normes internationales.