Kenya: Amnesty demande une enquête sur la violence policière durant les manifestations

12:2125/09/2024, mercredi
AFP
Des policiers kenyans arrêtent des militants devant le bureau du président à Nairobi, le 24 septembre 2024, alors que des familles et des représentants de la société civile se rassemblent pour remettre une liste des disparus lors des manifestations contre les hausses d'impôts proposées par le gouvernement.
Crédit Photo : SIMON MAINA / AFP
Des policiers kenyans arrêtent des militants devant le bureau du président à Nairobi, le 24 septembre 2024, alors que des familles et des représentants de la société civile se rassemblent pour remettre une liste des disparus lors des manifestations contre les hausses d'impôts proposées par le gouvernement.

Amnesty International a rassemblé 12.000 signatures pour demander l'établissement d'une commission d'enquête judiciaire au Kenya face à "l'usage illégal de la force policière" lors des manifestations meurtrières de juin, annonce mercredi l'ONG.

Cette démarche intervient trois mois après que ces rassemblements anti-gouvernementaux de la jeunesse, d'une ampleur inédite et initialement pacifiques, ont pris un tour violent le 25 juin, lorsque des manifestants ont pénétré dans l'enceinte du Parlement.


La police avait alors tiré à balles réelles. Selon le communiqué d'Amnesty International, au moins six personnes sont décédées et des centaines ont été blessées ce jour-là en raison de la réaction
"non-nécessaire et excessive"
de la police.

"Le droit de manifester au Kenya est protégé par la Constitution. Il est inacceptable que, plutôt que de faciliter le mouvement et de protéger les manifestants, la police ait recouru à un usage mortel de la force"
, a déclaré Irungu Houghton, directeur d'Amnesty International pour le Kenya.

L'ONG, en coopération notamment avec la Law Society of Kenya (LSK), principale association d'avocats du pays, a étudié de nombreuses vidéos et mené des interviews auprès de témoins, de juristes et de personnels de santé.

Selon leurs conclusions, la police a notamment tiré des grenades lacrymogènes
"directement sur des manifestants, parfois au niveau de la tête".

Elles affirment aussi avoir identifié des fusils et des mitraillettes utilisés par des agents dont beaucoup n'étaient ni en uniforme ni dans des véhicules identifiés.


Demande de "justice"


Cette initiative est annoncée au lendemain d'un rassemblement organisé mardi devant le ministère de la Justice, où des mères de manifestants endeuillées ont présenté une liste de personnes tuées lors des manifestations, qui ont duré jusqu'en août.


"Tout ce que nous voulons de notre gouvernement, c'est la justice"
, a déclaré Caroline Mutisya, 49 ans, qui a perdu son fils Erikson Kyalo.
"Nous voulons que tous les policiers qui ont tué des gens soient arrêtés",
a-t-elle ajouté.

Les autorités assurent avoir agi uniquement face aux
"criminels"
ayant infiltré les manifestations.

Selon des organisations de défense des droits humains, au moins 60 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres sont portées disparues.

Selon la LSK, des dizaines de manifestants ont par ailleurs été illégalement détenus pendant et après les rassemblements, beaucoup n'ayant pas encore été retrouvés.


Pour répondre à la pire crise depuis son arrivée au pouvoir, William Ruto a pris une série de mesures, dont le retrait du projet de budget controversé qui prévoyait de nombreuses nouvelles taxes.


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