Le siège de la compagnie pétrolière espagnole Repsol à Madrid
Crédit : PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP
Le groupe énergétique Repsol a annoncé jeudi une hausse de la rémunération de ses actionnaires après avoir vu ses profits bondir en 2022 grâce à l'envolée des cours du pétrole, dans le sillage de la guerre en Ukraine.
Le géant espagnol a engrangé au total 4,25 milliards d'euros de bénéfice net, soit une hausse de 70% par rapport aux 2,5 milliards d'euros dégagés en 2021.
Ces chiffres ont été atteints dans un contexte de forte progression du cours de l'or noir, liée à la reprise de l'activité après la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine, dont ont bénéficié l'ensemble des grands groupes pétroliers.
Selon Repsol,
"les bénéfices cumulés en 2021 et 2022 (6,75 milliards d'euros)"
n'ont néanmoins
"pas permis à ce stade de compenser les pertes enregistrées en 2019 et 2020 (7,1 milliards d'euros)"
en raison de la crise sanitaire.
Le groupe espagnol, au vu des résultats de 2022, annonce néanmoins une hausse de 11% de la rémunération de ses actionnaires en 2023. Il prévoit également un programme de rachat d'actions portant sur 35 millions de titres.
Ces annonces n'ont pas suffi à convaincre les investisseurs à la Bourse de Madrid, où Repsol perdait 1,99% à 11H00 (10H00 GMT) dans un marché en légère hausse (+0,44%).
Les résultats de Repsol surviennent en plein débat sur les bénéfices des majors pétrolières, qui ont dégagé l'an dernier des profits records, en pleine urgence climatique et sur fond de crise du pouvoir d'achat.
En Espagne, cette situation a poussé le gouvernement de gauche à instaurer une taxe exceptionnelle sur les bénéfices des grands groupes énergétiques, qui permettra à l'Etat de récupérer deux milliards d'euros par an en 2023 et 2024.
Cette mesure, destinée à financer les mesures de soutien au pouvoir d'achat, a été critiquée par le patronat, qui a estimé qu'elle pourrait réduire les capacités d'investissement des groupes concernés.
"Le débat social sur les bénéfices des entreprises doit être replacé dans son contexte"
, a réagi jeudi le directeur général de Repsol, Josu Jon Imaz, en assurant que le groupe était engagé
"sur la voie de la responsabilité envers la société"
.
"Les messages populistes ne servent qu'à entraver l'activité des entreprises, à susciter la méfiance des investisseurs, à réduire les investissements et l'activité économique"
et
"à mettre l'emploi en danger"
, a-t-il ajouté.
Repsol précise dans son communiqué avoir consacré 500 millions d'euros l'an dernier à des mesures de réduction des prix des carburants pour les consommateurs espagnols, ce qui a réduit ses bénéfices.
Il indique par ailleurs avoir fortement augmenté ses investissements, qui ont atteint 4,18 milliards d'euros, soit un niveau
, dans le cadre de sa politique de transition destinée à se
.
Le groupe espagnol, qui souhaite se tourner vers un modèle
, a annoncé début septembre la vente de sa branche exploration-production (upstream) au fonds d'investissement américain EIG pour 4,8 milliards de dollars.
Il a promis d'utiliser l'argent récupéré lors de cette opération pour accroître ses investissements dans les énergies renouvelables bas carbone. En 2023, Repsol prévoit ainsi d'investir
"plus de cinq milliards d'euros"
dans sa transition écologique.