Hôte des JO-2024, le stade Matmut Atlantique de Bordeaux vit peut-être ses derniers matches de haut niveau avant longtemps: la rétrogradation des Girondins, son club résident, obscurcit l'avenir d'une enceinte trop peu rentable, menacée de devenir un "éléphant blanc".
La décision du club bordelais d'accepter mardi sa relégation administrative en National (3e division), puis de renoncer jeudi au statut professionnel, sème le doute sur le futur terrain qui accueillera l'équipe première.
Avec 22 632 spectateurs de moyenne en Ligue 2 pour 42 000 places, le stade Matmut Atlantique était déjà surdimensionné la saison écoulée.
La désaffection risque d'être pire en National, voire en National 2 si le club sextuple champion de France est rétrogradé d'une division supplémentaire en cas de redressement judiciaire. Et les coûts de fonctionnement du stade semblent trop élevés pour un club amateur.
Pour faciliter une reprise du club, Bordeaux Métropole a proposé une baisse du loyer du stade de 4,7 M EUR annuels à 2 M EUR en Ligue 1, et 600 000 euros dans les divisions inférieures, ainsi qu'un abandon de créances de 20 M EUR.
Mais certaines voix évoquent déjà un possible retour des Girondins à Chaban-Delmas, leur antre jusqu'en 2015, investi désormais par les rugbymen de l'Union Bordeaux-Bègles. Car l'entretien, dans ce scénario, serait garanti - mais la pelouse peut-être sursollicitée...
Construit pour l'Euro 2016 dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP) d'un coût complet de 310 M EUR jusqu'en 2045, le Matmut Atlantique est propriété de Bordeaux Métropole mais exploité par SBA, filiale des groupes de BTP Vinci et Fayat.
Les revenus de SBA ne sont pas directement liés aux Girondins: le club résident paie son loyer à la Métropole, qui verse à son tour une redevance à SBA.
En outre, les recettes du "naming" du stade, attribué jusqu'en 2025 à Matmut, dégringoleraient faute de matches réguliers.
SBA répète régulièrement que le contrat signé avec la Métropole lui vaut un déficit structurel annuel de 2 à 3 millions d'euros.
Pour un bon connaisseur du dossier, faute de garanties initiales obtenues de Vinci et Fayat, une faillite de SBA laisserait le stade sur les bras de la Métropole, avec la charge de rembourser les banques et de récupérer l'exploitation.
Le scénario de la MMArena du Mans (25 000 places), construite également en PPP et plombée par la relégation du club local, fait frémir les collectivités bordelaises.
Le risque est grand de voir le Matmut Atlantique devenir un "éléphant blanc", vestige à l'abandon faute d'entretien, relève la source au fait du dossier.