La Suisse n'a jamais été une puissance coloniale. Pourtant, à travers ses négociants, mercenaires, anthropologues ou missionnaires, le pays alpin a contribué à l'expansion coloniale, suscitant de vifs débats sur la manière dont il doit se confronter à ce passé.
C'est ce que cherche à éclaircir une exposition à Zurich, qui se penche sur ce passé longtemps resté dans l'ombre. Les historiens tentent désormais de comprendre comment le pays en a, lui aussi, profité.
Intitulée "Colonialisme - une Suisse impliquée", l'exposition présente une série d'objets témoignant de cette participation aux côtés des grandes puissances coloniales européennes.
Parmi les objets présentés figurent également une collection de papillons constituée par un riche marchand dans une plantation de café à Cuba, ainsi que la casquette et le fouet d'un ressortissant suisse recruté comme fonctionnaire dans l'État indépendant du Congo au début du XXe siècle.
Longtemps considéré comme le bienfaiteur de Neuchâtel, sa ville natale à laquelle il avait fait de généreux dons, sa statue avait été aspergée de peinture rouge en 2020. Un collectif critiquant son implication dans le commerce triangulaire avait lancé une pétition pour qu'elle soit retirée.
Un compromis avait été trouvé, avec les autorités locales optant pour une plaque explicative et l'installation, juste à côté, d'une œuvre critique d'un artiste genevois représentant la statue à l'envers, la tête enfoncée dans le socle.
En s'appuyant sur ces recherches, le musée a voulu refléter toutes les facettes de cette implication coloniale, en commençant par le négoce des matières premières et la traite transatlantique, à laquelle la Suisse a participé par le biais d'immenses fortunes accumulées au XVIIIe siècle par des négociants, propriétaires de plantations où travaillaient des personnes réduites en esclavage.
L'exposition montre également que la Suisse a été impliquée d'autres manières, notamment avec les mercenaires recrutés pour réprimer des insurrections dans les empires coloniaux. Plus tard, des géologues ont participé à l'exploration pétrolière, et des naturalistes et anthropologues ont contribué aux théories raciales qui ont servi à justifier le colonialisme.
L'exposition rappelle qu'au début du XXe siècle, les universités de Genève et de Zurich étaient des centres réputés pour leurs travaux en anthropologie raciale, où les chercheurs mesuraient les crânes pour hiérarchiser les populations.
L'exposition se tient à Zurich du 13 septembre au 9 janvier.