Crédit Photo : NIR ELIAS / POOL / AFP
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu se rend en début de semaine à Washington, où il doit prononcer mercredi un discours devant le Congrès, une visite bousculée par le retrait de la course à la Maison Blanche de Joe Biden.
Cette visite intervient après neuf mois de guerre menée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, qui ont crispé les relations entre Israël et les Etats-Unis, son premier allié et soutien indéfectible.
Le président israélien Isaac Herzog a été un des premiers à réagir dimanche soir à l'annonce du retrait du président américain, en remerciant Joe Biden
"pour son soutien inébranlable au peuple israélien".
Dans un message sur X, M. Herzog a déclaré:
En tant que premier président américain à s'être rendu en Israël en temps de guerre [...] et en tant que véritable allié du peuple juif, il est un symbole du lien indéfectible entre nos deux peuples.
Washington s'était cependant dit agacé ces derniers mois des conséquences des bombardements d'Israël sur le sol palestinien, insistant sur la protection des civils à Gaza et l'entrée de l'aide humanitaire tout en lui fournissant l'aide militaire nécessaire.
Avec le Qatar et l'Egypte, Washington affirme tenter de relancer les négociations pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
"Il est essentiel de s'assurer qu'on a un plan en place, ce sur quoi on travaille chaque jour, avec les partenaires arabes, avec Israël, (...) pour la gouvernance, la sécurité, l'aide humanitaire, la reconstruction"
de Gaza, a estimé vendredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
"Et j'imagine que les discussions avec le Premier ministre (israélien) vont se concentrer autour de ça"
, a-t-il ajouté lors d'un forum sur la sécurité à Aspen, aux Etats-Unis.
Lors de sa visite, d'une durée encore incertaine, M. Netanyahu rencontrera le président Joe Biden mardi, selon un communiqué dimanche de son bureau, diffusé avant l'annonce du retrait de Joe Biden de la course à la Maison Blanche.
Steven Cook, spécialiste du Moyen-Orient au cercle de réflexion américain Council on Foreign Relations commente:
L'atmosphère n'a jamais été aussi tendue (...) en particulier entre la Maison Blanche et le Premier ministre israélien.
"Nous sommes avec Israël"
Ce n'est d'ailleurs pas à l'invitation de la Maison Blanche mais à celle des chefs parlementaires républicains et démocrates que M. Netanyahu se rend à Washington, où il doit s'exprimer devant les élus du Congrès le 24 juillet.
"Je suis ravi du privilège de représenter Israël devant les deux chambres du Congrès et de leur dire la vérité sur notre guerre juste contre ceux qui cherchent à nous tuer"
, avait-il déclaré début juin après avoir été convié.
Dans leur invitation, les quatre chefs de la Chambre des Représentants et du Sénat ont écrit:
"Nous sommes avec l'Etat d'Israël dans sa lutte contre le terrorisme, notamment en ce moment où le Hamas retient toujours captifs des citoyens américains et israéliens et que ses chefs mettent en danger la stabilité régionale".
En pleine campagne présidentielle aux Etats-Unis,
"les Républicains tentent de gagner des points à peu de frais auprès des électeurs en montrant qu'ils sont plus favorables à Israël que M. Biden"
, observe pour l'AFP Yossi Mekelberg, spécialiste des relations israélo-américaines et membre du cercle de réflexion londonien Chatham House.
Le déplacement intervient alors que la pression internationale s'accentue sur Israël, en raison du bilan de la guerre meurtrière de Tel-Aviv contre la Bande de Gaza (plus de 38 900 Palestiniens ont été tués dans l'enclave assiégée, pour la plupart des femmes et des enfants, tandis que quelque 89 600 autres ont été blessés, d'après les autorités sanitaires locales) mais aussi de la poursuite de la colonisation israélienne en Palestine occupée.
Vendredi, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, a jugé
la présence continue d'Israël dans le territoire palestinien occupé (Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et bande de Gaza), estimant que celle-ci devait cesser
"dans les plus brefs délais".
Le 20 mai, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait demandé des mandats d'arrêt, notamment contre M. Netanyahu, pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans la bande de Gaza.
"Pas de voyage sans accord"
Sur le conflit à Gaza, Washington met l'accent sur l'après-guerre.
Vendredi, M.Blinken a encore déclaré:
Ce qui sera important lorsqu'on l'aura (un cessez-le-feu), ce sera de s'assurer qu'il y a un plan clair pour l'après.
"Ce dont on ne veut pas, c'est un accord suivi d'une sorte de vide",
qui finira par être rempli
"soit par un retour du Hamas, ce qui est inacceptable, soit par la prolongation par Israël de l'occupation ce qui (...) est inacceptable"
aussi, a-t-il ajouté.
Le déplacement sera scruté en Israël, où les familles des otages toujours détenus à Gaza réclament un accord en vue de leur retour lors de manifestations quasi-quotidiennes.
"Pas de voyage (à Washington) sans accord préalable"
, ont encore crié des centaines de proches lors d'un rassemblement mercredi à Tel-Aviv.
"C’est une visite que Netanyahu voit avant tout comme un moyen de redorer son blason auprès des Israéliens, en se montrant comme le seul leader capable de s'adresser au Congrès américain"
, estime Michael Horowitz, expert en géopolitique pour la société de conseil en sécurité Le Beck.
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