Turbulences attendues au Congrès américain pour l'élection du "speaker"

10:553/01/2025, vendredi
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Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, s'adressant aux journalistes au Capitole, à Washington DC, le 20 décembre 2024.
Crédit Photo : Richard PIERRIN / AFP
Le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Mike Johnson, s'adressant aux journalistes au Capitole, à Washington DC, le 20 décembre 2024.

La Chambre américaine des représentants vote vendredi pour élire son président, le "speaker". Mais face à l'opposition affichée d'élus de son propre camp, le républicain Mike Johnson n'est pas assuré de conserver ce poste-clé, et le Congrès pourrait à nouveau plonger dans la tourmente.

Traditionnellement une formalité, cette élection au perchoir est compliquée cette année par la faible majorité des républicains à la chambre basse - seulement cinq sièges. Mike Johnson sait donc qu'il ne peut pas se permettre beaucoup de défections dans son camp.


"Nous allons avoir une marge de probablement deux voix"
, a-t-il déclaré jeudi à Fox News, ajoutant qu'il ne pouvait
"se permettre d'en perdre qu'une ou deux"
.

Or, ils sont déjà plusieurs à avoir exprimé leur réticence, voire leur
"non"
franc, face à la candidature de l'élu de Louisiane, "speaker" depuis un peu plus d'un an.

"Pratiquement tous mes collègues savent que Mike Johnson n'est pas apte à être speaker, mais personne ne veut dire ce qui crève les yeux"
, a déclaré le plus vocal d'entre eux, le républicain Thomas Massie, dans une interview au Cincinnati Enquirer.

Camouflet


Mike Johnson s'est cependant montré confiant, dans une autre interview sur Fox Business, estimant pouvoir être élu rapidement.


Il sait aussi qu'il peut compter sur l'appui de Donald Trump, qui espère éviter une bataille rangée entre républicains au Congrès avant son retour à la Maison Blanche le 20 janvier.


"Mike a mon soutien total et complet"
, avait lancé le futur président américain sur sa plateforme Truth Social lundi, le qualifiant d'
"homme bon, bosseur, et religieux"
.

Le milliardaire Elon Musk, devenu l'une des voix qui compte le plus à Washington depuis son alliance tonitruante avec Donald Trump, lui avait emboîté le pas.


"Je pense la même chose. Vous avez mon plein soutien"
, a-t-il répondu sur son réseau social X à Mike Johnson, qui se félicitait du message du président élu en sa faveur.

Mais le soutien des deux influents milliardaires pourrait ne pas suffire et un rejet de la candidature de Mike Johnson pourrait représenter un nouveau camouflet au Congrès pour Donald Trump.

Juste avant Noël, le président élu n'avait pas obtenu l'inclusion dans un texte budgétaire d'une mesure sur le plafond de la dette qu'il réclamait pourtant haut et fort.


Et un nouvel échec pourrait donner un aperçu des difficultés que le républicain aurait à faire passer son programme au Congrès dans les premiers mois de sa présidence.


Luttes intestines


La bataille pour le perchoir qui s'annonce vendredi a des airs de déjà vu, après la destitution inédite il y a un an du précédent président de la chambre basse, Kevin McCarthy.

Une chute orchestrée par la frange trumpiste au Congrès, qui accusait Kevin McCarthy d'avoir accru le déficit en cédant trop aux démocrates - des accusations que l'on retrouve à présent contre Mike Johnson.


La destitution avait donné lieu à un psychodrame de 22 jours et exposé au grand jour les luttes intestines du camp républicain.


A moins de trois semaines de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump souhaite donc éviter ce genre de scénario, d'autant plus que sans "speaker", la Chambre des représentants se trouverait dans l'incapacité d'agir, et donc de certifier sa victoire à la présidentielle, lors d'une session prévue lundi.

Si Mike Johnson n'atteint pas la majorité des voix exprimées vendredi, le scrutin se répétera dans les heures et les jours suivants, avec des négociations en coulisses, jusqu'à trouver l'heureux élu au perchoir.


En attendant, l'incertitude règne.


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