Kenya: un tribunal suspend l'interdiction de manifester à Nairobi

11:4719/07/2024, Cuma
AFP
Des policiers anti-émeutes kenyans arrêtent un manifestant lors des manifestations anti-gouvernementales à Nairobi, le 16 juillet 2024.
Crédit Photo : SIMON MAINA / AFP
Des policiers anti-émeutes kenyans arrêtent un manifestant lors des manifestations anti-gouvernementales à Nairobi, le 16 juillet 2024.

Un tribunal kényan a suspendu jeudi l'interdiction des manifestations dans le centre de la capitale Nairobi, décrétée la veille par la police après des manifestations antigouvernementales meurtrières.

Le pays est secoué depuis la mi-juin par des manifestations contre des projets de hausse d'impôts du gouvernement, abandonnés depuis.


Initialement pacifiques, les rassemblements ont dégénéré en violences qui ont fait au moins 50 morts depuis le 18 juin, selon la Commission nationale des droits de l'homme du Kenya (KNCHR), un organe officiel mais indépendant.


Les violences ont notamment eu lieu dans le quartier central des affaires de Nairobi et ses environs, plongés dans le chaos le 25 juin, lorsque les manifestants ont pris d'assaut le parlement et que la police a ouvert le feu à balles réelles.

Mercredi, la police kényane a annoncé qu
'"aucune manifestation"
ne serait autorisée dans ce quartier de la capitale et ses environs
"afin de garantir la sécurité du public".

Mais ce jeudi, un juge de la Haute Cour de Nairobi a émis une
"ordonnance conservatoire"
pour empêcher l'application de cette interdiction, dans l'attente d'une décision finale.

La Cour a indiqué qu'elle tiendrait une nouvelle audience le 29 juillet.

Confronté à sa pire crise depuis son élection il y a près de deux ans, le président William Ruto s'est efforcé de l'endiguer en revenant sur des projets de hausse de taxes, qui touchaient notamment le carburant et le pain, en limogeant la quasi-totalité de son cabinet et en promettant des coupes dans les budgets gouvernementaux.


Mais les rassemblements, menés en grande partie par de jeunes Kényans, s'ils ont baissé en intensité par rapport au mois dernier, se sont poursuivis à travers le pays, avec des appels à la démission du président.

Dans sa déclaration de mercredi, la police avait précisé avoir décidé d'interdire les manifestations après avoir reçu
"des informations crédibles selon lesquelles des groupes criminels organisés prévoient de tirer profit des manifestations en cours".

Les manifestants ont de leur côté accusé des
"voyous"
d'avoir utilisé leurs rassemblements pour provoquer des violences.

Les groupes de défense des droits ont accusé la police, souvent accusée de violations des droits humains en toute impunité, de faire un usage disproportionné de la force contre les manifestants.


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