L'annonce plonge le royaume dans l'incertitude, à la veille du vote attendu par les députés et les sénateurs réunis pour désigner le prochain chef du gouvernement, fonction que seul Pita brigue pour le moment.
Les électeurs ont infligé en mai une défaite cinglante au camp conservateur, mais l'alternance réclamée risque de heurter le mur d'une Constitution favorable aux intérêts de l'armée qui l'a rédigée, au risque d'engendrer de nouvelles manifestations.
La commission électorale a estimé qu'il y avait suffisamment d'éléments pour transmettre à la Cour constitutionnelle le dossier du député Move Forward, accusé d'avoir possédé durant la campagne des actions dans une chaîne de télévision, en contradiction avec la loi.
Le président de l'instance Ittiporn Boonprakong, interrogé par l'AFP, a confirmé qu'il recommandait la suspension de Pita, visage du renouveau politique en Thaïlande.
Le royaume espère un nouveau Premier ministre, après une quasi-décennie de domination militaire qui a vu les libertés fondamentales reculer et la croissance économique stagner.
Le parti Move Forward a créé la surprise sur la base d'un programme de rupture qui fait écho aux revendications des protestations géantes de 2020 pour plus de démocratie.
Malgré le ralliement d'autres partis d'opposition pro-démocratie, dont le puissant Pheu Thai associé à l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, qui lui offre la majorité absolue à l'Assemblée nationale, Pita Limjaroenrat reste bloqué sur le perron du pouvoir.
Ses soutiens voient dans la décision de la commission électorale, un nouvel obstacle dressé par les milieux conservateurs pro-armée qui désapprouvent son programme jugé trop radical.
Son projet controversé de réformer la loi réprimant sévèrement la lèse-majesté, a tracé une ligne rouge avec les sénateurs, gardiens autoproclamés des valeurs traditionnelles.
En cas d'échec jeudi, députés et sénateurs se réuniront autant de fois que nécessaire jusqu'à la nomination d'un Premier ministre, avec la possibilité que le consensus se fasse autour d'un autre candidat.
La Cour constitutionnelle doit désormais indiquer si elle accepte de se saisir du dossier.
La Thaïlande a connu une douzaine de coups d'Etat réussis depuis la fin de la monarchie absolue en 1932.
La dissolution décidée en 2020 par la Cour constitutionnelle de Future Forward, le parti d'opposition dont Move Forward a repris le flambeau, a poussé dans les rues des milliers de jeunes en faveur d'une réforme en profondeur de la monarchie.