Tanzanie: une figure de l'opposition "kidnappée", retrouvée morte

13:019/09/2024, lundi
AFP
Ali Mohamed Kibao, secrétaire du Parti d'opposition tanzanien Chadema, a été retrouvé mort le samedi 7 août après son enlèvement par des hommes armés.
Crédit Photo : Média X / Archive
Ali Mohamed Kibao, secrétaire du Parti d'opposition tanzanien Chadema, a été retrouvé mort le samedi 7 août après son enlèvement par des hommes armés.

Un membre du parti d'opposition tanzanien Chadema a été retrouvé mort après avoir été "kidnappé" par des hommes armés, battu et aspergé d'acide, a affirmé dimanche le président du parti, Freeman Mbowe, lors d'une conférence de presse.

Ali Mohamed Kibao, membre du secrétariat national du parti, a été forcé de descendre d'un bus sous la menace d'une arme vendredi, alors qu'il se rendait de Dar Es Salaam à Tanga, sur la côte nord du pays, ont indiqué des responsables du parti.


Son corps a été retrouvé dans un quartier de Dar Es Salaam samedi.


Les faits concernant M. Kibao interviennent moins d'un mois après que M. Mbowe, son adjoint Tundu Lissu, et d'autres responsables de Chadema ont été brièvement arrêtés lors d'un vaste coup de filet avant un rassemblement jeunesse du parti.

"L'autopsie a été réalisée en présence des avocats de Chadema, et il est clair que M. Kibao a été sévèrement battu et aspergé d'acide au visage",
a déclaré dimanche M. Mbowe lors de la conférence de presse.

"Nous ne pouvons permettre que nos membres continuent de disparaître ou d'être tués de cette manière",
a-t-il ajouté, avant de préciser que
"les vies des responsables de Chadema sont actuellement en danger".

La présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, a déclaré dimanche avoir appris la mort de M. Kibao
"avec une grande tristesse"
et a présenté ses condoléances à la famille, aux amis et aux responsables du parti.

Elle écrit sur son compte X:


J'ai ordonné aux autorités d'enquête de me faire parvenir des rapports détaillés sur cet incident extrêmement grave.

"Notre pays est démocratique et tous les citoyens ont droit à la vie. Le gouvernement que je dirige ne tolérera pas de tels actes de cruauté"
, a ajouté la présidente.

Dans un communiqué dimanche, la police a assuré qu'elle poursuivait son enquête sur
"cet incident tragique".

M. Mbowe a affirmé, sans fournir de précisions, que d'autres responsables du parti avaient également disparu.

M. Kibao, ancien officier des renseignements militaires à la retraite, avait travaillé avec d'autres partis d'opposition ainsi qu'avec le parti au pouvoir, Chama Cha Mapinduzi (CCM), avant de rejoindre Chadema, a précisé M. Mbowe sans donner de dates exactes.


Des défenseurs des droits humains et des opposants ont exprimé leurs préoccupations face à cette répression, qui pourrait, selon eux, marquer un retour aux politiques oppressives de l'ancien président John Magufuli, décédé en 2021.


En août, l'ONG Amnesty International avait qualifié les arrestations d'opposants de
"signe profondément inquiétant"
à l'approche des élections présidentielles et parlementaires en Tanzanie, prévues pour 2025, les premières depuis la mort de M. Magufuli.

Les récentes arrestations ont eu lieu malgré les engagements de la présidente Samia Suluhu Hassan de lever les restrictions pesant sur l'opposition et les médias.


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