Crédit photo: LOUAI BESHARA / AFP
Sous la tente où elle vit depuis le séisme meurtrier dans le nord de la Syrie, Oum Esmat a le cœur lourd: pour cette mère de famille, le mois de jeûne du ramadan, qui commence jeudi, aura un goût amer.
"Le mois de ramadan cette année est différent des années précédentes"
, déclare Oum Esmat à l'AFP, après avoir fait ses courses avec sa fille dans une échoppe de la localité d'Al-Sheikh Hadid.
"Il va être difficile. Notre moral est à zéro et nous vivons sous la tente"
, ajoute-t-elle en alignant les maigres provisions qui serviront à préparer le repas de rupture du jeûne: du riz, du blé concassé, de l'huile et des dattes.
De sa maison voisine, elle a pu sauver quelques ustensiles de cuisine qui n'ont pas été détruits par le séisme.
Oum Esmat a planté sa tente au milieu des oliviers près de sa maison, dont plusieurs murs se sont fissurés ou se sont effondrés lors du tremblement de terre dévastateur qui a frappé la Syrie et la Turquie voisine le 6 février.
Dans sa tente, il n'y a que des matelas et un réchaud.
Le séisme a tué environ 6.000 personnes en Syrie, et dévasté cinq régions du pays, surtout celles frontalières de la Turquie, aggravant les conditions de vie d'une population déjà éprouvée par 12 années de guerre.
Cette année, le mois de ramadan coïncide avec un niveau d'insécurité alimentaire sans précédent depuis le début du conflit en Syrie en 2011 avec 12,9 millions de personnes touchées.
Et mi-mars, le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis en garde contre un arrêt de l'aide à 3,8 millions de personnes sur un total de huit millions d'ici juillet, si cet organisme d'aide de l'ONU n'obtient pas de financement supplémentaire.
Dans un camp installé à la hâte après le séisme près de Jindayris, l'une des zones les plus touchées par le séisme dans le nord de la Syrie, Hilal Muhammad al-Sfarjali vend des friandises sur une table qu'il a disposée entre les tentes après avoir perdu sa maison.
"Je ne sais pas comment souhaiter un bon ramadan aux gens, alors que nous sommes dans une situation déplorable après le séisme"
, affirme à l'AFP cet homme à la calvitie avancée.
"Nous sommes sans abri, les tentes sont inconfortables et la situation n'est pas stable
(...)
, que Dieu nous vienne en aide"
, ajoute cet homme, déjà forcé par les combats à fuir la région de Damas.
Dans le même camp, Oum Jomaa, laissée veuve par le séisme, ressent une profonde tristesse à l'approche du mois sacré musulman.
"Le mois de ramadan sera très difficile sans mon mari"
, dit-elle à l'AFP.
"Nous l'avons perdu, c'était le chef de famille".
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