Tunisie: Saied invoque la "sûreté nationale" pour justifier son vaste remaniement

15:4926/08/2024, понедельник
AFP
Le président tunisien Kais Saied.
Crédit Photo : Média X / Archive
Le président tunisien Kais Saied.

Le président tunisien, Kais Saied, a justifié, en invoquant des impératifs de "sûreté nationale" face à des blocages dans le fonctionnement du pays, le vaste remaniement ministériel qu'il a opéré dimanche, à l'approche de l'élection présidentielle prévue pour le 6 octobre.

Dimanche soir, M. Saied a limogé 19 ministres, dont ceux des Affaires étrangères et de la Défense, après avoir déjà remplacé début août le Premier ministre Ahmed Hachani par Kamel Madouri.


Dans un discours diffusé dans la nuit de dimanche à lundi, il a affirmé avoir pris cette décision, à un mois et demi du scrutin présidentiel, au nom de la
"sûreté nationale"
et de
"l'intérêt suprême de l'État",
qu'il estime
"prédominants sur toute autre considération".

Selon lui,
"un système corrompu, dont les acteurs espèrent un retour en arrière,"
a réussi à
"instrumentaliser"
un grand nombre de responsables de l'État et à en bloquer les rouages.

Élu démocratiquement en 2019, le président Saied, 66 ans, s'est accaparé tous les pouvoirs le 25 juillet 2021 et est depuis accusé de dérive autoritaire par l'opposition et ses détracteurs.

"Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République avec l'aide d'un gouvernement; chaque ministre est désigné pour aider et non pour faire des choix en dehors de ceux déterminés par le président,"
a-t-il souligné.

Depuis son coup de force de l'été 2021, le chef de l'État a modifié la Constitution, remplaçant le régime parlementaire en vigueur depuis la chute du dictateur Ben Ali en 2011 par un système ultraprésidentialiste où le Parlement a pratiquement perdu tout pouvoir.

Parmi les autres importants portefeuilles ayant changé de main figurent ceux de l'Agriculture et des Ressources en eau, de la Santé et de l'Éducation.


La Tunisie, endettée à hauteur de 80 % de son PIB et qui connaît une croissance faible (0,4 % en 2023), un taux de chômage élevé (environ 16 %) et un appauvrissement de sa classe moyenne, fait également face à sa sixième année de sécheresse, avec un manque d'eau dans les barrages et à des pénuries de médicaments.

Face à M. Saied, qui brigue un deuxième mandat, seuls deux candidats ont été retenus par l'autorité électorale Isie: Zouhair Maghzaoui, un ex-député de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, un industriel quadragénaire à la tête d'un parti libéral.


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