Le président tunisien procède à un vaste remaniement ministériel

09:5026/08/2024, lundi
AFP
Le président tunisien Kais Saied a opéré un remaniement ministériel le dimanche 25 août 2024, remplaçant 19 ministres et trois secrétaires d'État, à un peu plus d'un mois de l'élection présidentielle.
Crédit Photo : TINGSHU WANG / AFP
Le président tunisien Kais Saied a opéré un remaniement ministériel le dimanche 25 août 2024, remplaçant 19 ministres et trois secrétaires d'État, à un peu plus d'un mois de l'élection présidentielle.

Le président tunisien Kais Saied a procédé dimanche à un vaste remaniement ministériel sans fournir d'explications, à un peu plus d'un mois de l'élection présidentielle.

Ce remaniement surprise comprend le remplacement de 19 ministres, dont ceux des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que de trois secrétaires d'État. Ce remaniement survient après le limogeage début août du Premier ministre, dont le poste n'a pas encore été pourvu.


"Ce matin (...) le président de la République a décidé de procéder à un remaniement ministériel",
a annoncé la présidence dans un communiqué.

Mohamed Ali Nafti, ancien diplomate ayant exercé dans plusieurs ambassades tunisiennes, notamment en Grèce, en Espagne et en Corée du Sud, est le nouveau chef de la diplomatie. Il occupait le poste de secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères avant d'être démis de ses fonctions en 2021.

Khaled Shili, également ex-diplomate et ancien responsable au ministère des Affaires étrangères, est désigné ministre de la Défense. Il a notamment été ambassadeur en Jordanie.


Selon la présidence, les trois nouveaux secrétaires d'État assisteront le ministre des Affaires étrangères, le ministre de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques, et celui de l'Emploi.


Le président Saied, 66 ans, démocratiquement élu en 2019, s'est accaparé tous les pouvoirs lors d'un coup de force le 25 juillet 2021. Il est depuis accusé de dérive autoritaire par l'opposition et ses détracteurs.

Il brigue aujourd'hui un second mandat présidentiel dans le cadre de ce qu'il qualifie de
"guerre de libération et d'autodétermination"
visant à
"établir une nouvelle république"
.

Lors de cette présidentielle prévue le 6 octobre, il sera confronté à Zouhair Maghzaoui, un ex-député de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, un industriel quadragénaire et chef d'un parti libéral.


Mardi, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait affirmé qu
'"au moins huit candidats potentiels ont été poursuivis en justice, condamnés ou emprisonnés"
et ont ainsi été
"empêchés de se présenter".

Parmi ces candidats figurent les dirigeants de l'opposition Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, ainsi que la cheffe du Parti Destourien Libre, Abir Moussi, une figure de l'opposition nostalgique des anciens régimes de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali.

"Après avoir emprisonné des dizaines d'opposants et de militants de renom, les autorités ont écarté presque tous les concurrents sérieux de la course à la présidence, réduisant cette élection à une simple formalité",
a déclaré Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient/Afrique du Nord pour HRW.

Plusieurs candidats se sont notamment plaints d'avoir été entravés sur le plan administratif pour obtenir les formulaires de parrainage ainsi qu'un extrait de casier judiciaire.

Le 8 août, les services du président avaient annoncé le limogeage du Premier ministre Ahmed Hachani, sans fournir d'explications officielles.


Après s'être octroyé les pleins pouvoirs, M. Saied a révisé la Constitution pour substituer au régime parlementaire en vigueur un système ultraprésidentialiste où le Parlement n'a pratiquement plus de pouvoirs.

Il a, en outre, selon ses opposants, démantelé la plupart des institutions de contrepoids instaurées depuis l'avènement de la démocratie et la chute de la dictature de Ben Ali en 2011, dans le sillage du Printemps arabe.


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