Présidentielle au Gabon: la principale plateforme d'opposition désigne un candidat commun

12:1619/08/2023, Saturday
AFP
Albert Ondo Ossa, candidat désigné du groupe d'opposition Alternance 2023 au Gabon, s'adresse aux médias à Libreville, le 18 août 2023. Crédit photo: STEEVE JORDAN / AFP.
Albert Ondo Ossa, candidat désigné du groupe d'opposition Alternance 2023 au Gabon, s'adresse aux médias à Libreville, le 18 août 2023. Crédit photo: STEEVE JORDAN / AFP.

Une plateforme fédérant les principaux partis d'opposition au Gabon a annoncé vendredi à la surprise générale la désignation d'Albert Ondo Ossa comme candidat "consensuel" face au président sortant Ali Bongo Ondimba à l'élection présidentielle du 26 août.

Comme en 2016 autour de Jean Ping, défait in extremis lors d'un scrutin présidentiel contesté face à M. Bongo, les principaux ténors de l'opposition ont opté, sept ans plus tard, pour l'union, eux qui avançaient jusqu'à présent en ordre dispersé.


Six candidats avaient rejoint Alternance 2023, une plateforme qui s'était donné l'objectif de désigner un candidat commun, afin notamment d'éviter la dispersion des suffrages dans une élection où s'affrontent 18 prétendants.

Si le scrutin présidentiel concentre l'attention, des élections législatives et locales se tiendront simultanément le 26 août.


Albert Ondo Ossa, 69 ans, ancien ministre de l'Education et de l'Enseignement supérieur d'Omar Bongo Ondimba, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant plus de 41 ans, a finalement été désigné après d'intenses tractations jeudi et vendredi.


"Je suis particulièrement ému et je voudrais remercier tous les présidents de partis"
, a-t-il déclaré, entouré des six autres personnes s'étant portées candidates, avant d'appeler à la mobilisation de
"tous ceux qui ont souffert de ce système"
.

Les six candidats membres de la coalition se sont tous engagés à retirer leur candidature au profit du candidat consensuel, a assuré le président d'Alternance 2023, François Ndong Obiang.


Bulletin unique


Loin d'être favori, M. Ondo Ossa était notamment opposé à trois ex-ministres: Alexandre Barro Chambrier, du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), Paulette Missambo, de l'Union nationale (UN), et ex-membre du tout puissant Parti démocratique gabonais (PDG), et Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre d'Ali Bongo.


Mais si l'union fut tardive, l'opposition avait récemment critiqué d'une même voix l'instauration d'un "bulletin unique" pour la présidentielle et les législatives par décret début août.


Avec le bulletin unique, les électeurs voteront une seule fois pour ces deux scrutins, et obligatoirement en faveur d'un candidat à l'élection présidentielle et d'un candidat à l'élection législative issus du même parti, a indiqué à l'AFP le Centre gabonais des élections (CGE).


Concrètement,
"qui veut voter pour un député PDG à l'élection législative vote systématiquement pour Ali Bongo Ondimba"
, candidat du parti au pouvoir à l'élection présidentielle, indique l'institution.

Des recours de l'opposition et de la société civile devant la Cour constitutionnelle, dénonçant une violation de la
"séparation des pouvoirs"
, ont été rejetés lundi.

"L'adoption d'un bulletin unique viole la liberté de choix de nombreux électeurs"
, a dénoncé François Ndong Obiang vendredi, soulignant la volonté de la plateforme de
"prioriser l'élection présidentielle"
.

"Dès lors que je serai élu, je dissoudrai le parlement pour convoquer les électeurs à de nouvelles législatives"
, a assuré M. Ondo Ossa, joint par l'AFP, évoquant également sa volonté de réviser la Constitution.

"Nous avons décidé d'une mutualisation des moyens pour aller à l'intérieur du pays"
dans la dernière ligne droite de la campagne, a détaillé ce professeur d'économie originaire du Woleu-Ntem, l'une des neuf provinces du Gabon située dans le nord du pays, et frontalière du Cameroun et de la Guinée équatoriale.

"Sans morts"


Face à lui, Ali Bongo, 64 ans, a été élu pour la première fois en 2009 à la mort de son père Omar Bongo, puis réélu de justesse en 2016.


Au lendemain du scrutin en 2016, des violences dans la capitale Libreville avaient fait au moins cinq morts selon le gouvernement, mais une trentaine, tués par balle par les forces de l'ordre, selon l'opposition.

En février un forum de concertation, boudé par les principaux dirigeants de l'opposition, avait permis de modifier la Constitution, réduisant le mandat présidentiel de sept à cinq ans et faisant repasser le scrutin à un tour unique.


Ses détracteurs avaient dénoncé une manœuvre destinée à faciliter la réélection d'Ali Bongo à une majorité relative.


"Nous devons avoir des élections sans mort (...)"
, a exhorté M. Ondo Ossa.
"Le Gabon et les Gabonais ont payé de leur sang. C'est le moment ou jamais, nous devons gérer le pays autrement"
, a-t-il ajouté.

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