La France, depuis sa Révolution, n'a eu de cesse d'incarner de la Liberté de la Presse. Ce droit, acquis au XIXe siècle après un long siècle de combat politique et d'engagement contre la censure, et dont la France s'est faite à la fois l'étendard et le fer de lance, est universel.
Et parce que la liberté d'informer le monde sur les évènements qu'il s'y passe a été sacralisée par les défenseurs des Droits de l'Homme, l'intégrité physique des premiers concernés qui sont en première ligne pour défendre cette liberté, les journalistes et leurs collaborateurs, a toujours suscité un intérêt particulier en France.
Aussi, si des millions de personnes ont manifesté place de la République à Paris après l'attentat de Charlie Hebdo qui a tué 8 journalistes, ou si un élan national accompagne chaque prise d'otage d'un reporter lors de sa mission, ce n'est pas anodin. C'est tout simplement que les autorités françaises, et plus globalement le peuple français ont compris qu'en s'en prenant à un journaliste, on s'en prenait à des valeurs.
Or, quel crédit peut-on apporter à ces prétendues "valeurs" et à ceux qui les défendent quand des dizaines de journalistes se font tuer dans la plus grande indifférence ? C'est un fait. Les journalistes français, normalement solidaires avec leur collègues dans le monde, ont plus parlé de crèches de Nöel que d'Abdel Karim Odeh, leur confrère bombardé par l'armée israélienne à Gaza. Ils ont plus parlé du temps qui se rafraichit en automne, quel scoop, que d'Alaa Al-Hasanat et Ayat Khaddura, deux femmes journalistes, tuées là encore à Gaza par l'armée israélienne. Et la liste est encore longue. Cette liste de journalistes tués par Israël et que leurs "confrères" français ont choisi de nier l'existence est disponible ici:
Et comme si ce silence ne suffisait plus pour qualifier d'infâme cette attitude, certains esprits ont pensé qu'il fallait en rajouter. Aussi, nous apprenons aujourd'hui que RSF, ONG qui revendique comme objectif la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes, est allé jusqu'à ne pas mentionner la mort de ces journalistes. Comme s'ils n'avaient jamais existé. C'est honteux. Ils ont osé écrire, en partenariat avec France Info
Il est légitime, normal et humain de s'interroger sur un tel silence, sur une telle ignorance, sur une déconvenue déconcertante émanant des plus prestigieuses ONG censée incarner la défense d'un droit primordial, celui d'informer.
Quel tort ont bien pu commettre ces journalistes ? Ils avaient des caméras, des cartes de presse, des gilets et des casques estampillés "Press", ils passaient à la télé, montraient les bombardements, interrogeaient les rescapés, faisaient le point sur la situation, mettaient leur vie en danger.. pour mourir dans la plus brutale des situations
Nous devons poser la question clairement aux négationnistes qui ignorent la mémoire des journalistes arabes tués dans des bombardements: Être un journaliste arabe est-il un péché qui justifierait une minimalisation de la situation quelle qu'elle soit ? A-t-on le droit de tuer un arabe s'il est journaliste, puisqu'au final ses "confrères" préfèreront s'esclaffer en plateau et parler de météo ? Un journaliste arabe est-il un collègue ?
Les récents déboires de nombreux journalistes français d'origine maghrébine confirme une tendance en France à l'"arabophobie journalistique". Et que ceux qui contrediraient cela dénoncent le sort des journalistes arabes tués à Gaza, où qu'ils se taisent à jamais, comme ils ont su si bien le faire ces trois derniers mois.
D.B