Zuwaira Muhammad attend que ses jumeaux de 10 mois, épuisés par le paludisme, reprennent des forces sur leur lit d'une clinique de Kano, dans le nord du Nigeria, pour qu'ils puissent se faire vacciner. Un choix loin d’être anodin dans la deuxième plus grande ville du Nigeria, la plus touchée par cette maladie parasitaire, et où la population reste largement sceptique face aux vaccins.
J'ai failli les perdre à cause du paludisme.
Le paludisme, ou malaria, est une infection causée par un parasite transmis par les piqûres de moustiques. Elle provoque fièvre, maux de tête et frissons, et peut devenir une affection grave, voire mortelle, sans traitement.
Malgré la méfiance envers la vaccination et la progression de l'épidémie, le Nigeria a reçu en octobre plus de 846 000 doses du nouveau vaccin antipaludique R21/Matrix-M.
L'OMS recommande l'administration de quatre doses de ce vaccin pour une protection optimale, à partir de l'âge de cinq mois.
Une lutte contre les moustiques et la méfiance
Kano, avec ses décharges omniprésentes et ses égouts à ciel ouvert, constitue un terrain idéal pour la prolifération des moustiques.
La distribution gratuite de moustiquaires et d'insecticides par les autorités de l'État de Kano n'a pas suffi à enrayer l'épidémie.
"Paludisme et malnutrition"
La méfiance envers la vaccination, déjà présente, s'est amplifiée au fil des années, notamment après la campagne mondiale anti-polio des années 2000.
Bien que la vaccination contre la polio ait repris, la défiance persiste. L'année dernière, deux mères ont alimenté la suspicion en affirmant à la radio locale que leurs enfants avaient développé des complications rénales après avoir été vaccinés contre la diphtérie.
Les autorités sanitaires ont reconnu que ces allégations avaient entravé leurs efforts pour lutter contre l'épidémie de diphtérie.
Une défiance persistante
Le Nigeria traverse actuellement une grave crise économique, avec une inflation dépassant 30 % en octobre, son plus haut niveau depuis trois décennies.
Des perspectives d’amélioration
Selon Hemmed Lukonge, la méfiance pourrait diminuer grâce à l'initiative du gouvernement local, qui a mis en place un groupe de travail visant à promouvoir la vaccination et à lutter contre la désinformation.
Ibrahim Musa, hématologue à l'hôpital universitaire Aminu Kano, partage cet avis.