Niger: Gbagbo dénonce le recours à la guerre pour résorber la crise

11:568/08/2023, mardi
MAJ: 8/08/2023, mardi
APANEWS
L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Crédit photo: Sia KAMBOU / AFP
L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Crédit photo: Sia KAMBOU / AFP

L'ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, affirme que l'option de la "violence envisagée par la Cedeao" lui paraît être "la pire des solutions à cette crise".

M. Gbagbo qui
"condamne"
la prise de pouvoir par les armes au Niger, estime toutefois que
"les mesures de rétorsion inédites prises contre le peuple nigérien, dont certaines jurent avec le droit international privé ou public, sont inacceptables"
, dans une déclaration.

"Le recours à la violence envisagé par la Cedeao me paraît être la pire des solutions à cette crise. S'il est constant, dans la culture africaine, d'aider à éteindre le feu qui consume la case du voisin, la sagesse recommande de ne pas y asperger un liquide inflammable au risque d'aggraver l'incendie"
, conseille-t-il.

La Cedeao et l'Uemoa ont imposé au Niger des sanctions économiques et financières ainsi que la fermeture des frontières des pays membres au pays à la suite du coup d'État opéré par le général Abdourahamane Tchiani qui a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum.


Les chefs d'état-major de la Cedeao ont défini vendredi un plan d'intervention militaire en vue de rétablir l'autorité constitutionnelle. Pour une opérationnalité de ce plan, les chefs d'États de l'organisation se réunissent jeudi à Abuja pour examiner ce projet.


Sanctions et recours à la guerre


L'ancien président ivoirien
"dénonce ces mesures en ce qu'elles ne font qu'aggraver la situation de précarité du Niger. (Car), la dépendance des pays de l'hinterland aux ports des pays côtiers ne peut constituer une arme politique contre eux. Autrement nous mettrons en péril la solidarité entre les peuples frères de la Cedeao"
.

"Je dénonce par-dessus tout le recours à la guerre pour résorber cette crise"
, déclare M. Gbagbo pour qui
"le peuple nigérien comprendrait difficilement que les pays frères de l'espace CEDEAO aient pu lever une armée pour venir combattre l'armée nationale de leur pays alors que celle-ci fait face au terrorisme depuis une décennie, sans le concours direct d'aucune armée de la sous-région"
.

Cela risque de constituer un fâcheux précédent dans l'histoire de notre organisation sous-régionale, avertit le président du Parti des peuples africains Côte d'Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo, dans cette déclaration.


"Dans une perspective plus large, je suggère à la CEDEAO de prendre prétexte de la crise du Niger pour mener une réflexion approfondie sur les causes de la multiplication des coups d'État dans l'espace CEDEAO"
, propose-t-il.


Il estime que la prolifération des coups d'État dans l'espace commun, souvent adoubés par les populations, nous contraint à cet exercice. Vouloir interpréter la situation nigérienne différemment des précédentes situations en Guinée, au Mali, au Burkina Faso est manifestement une fuite en avant.


Posture face aux coups d'État


Dans chacun des quatre cas (Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger) l'armée a renversé un président réputé être élu démocratiquement, fait observer le président du PPA-CI, Laurent Gbagbo, qui appelle à une réflexion pour trouver des solutions contre ces phénomènes.


"Pour ma part, je comprends ces situations comme relevant d'une crise systémique due, d'une part au dévoiement de la démocratie pour laquelle la jeunesse africaine a payé le lourd tribut dans les années 90 et, d'autre part, aux mutations qui s'opèrent dans le monde"
, mentionne-t-il.

Au niveau de la Côte d'Ivoire, qui fait partie des puissances sous-régionales, le recours systématique à la violence pour régler les problèmes politiques tranche avec la tradition diplomatique ivoirienne fondée sur le dialogue permanent, rappelle-t-il.


"Notre pays doit garder cette posture qui, naguère, lui a permis de résoudre les contradictions les plus difficiles en interne comme dans des pays frères. Je relève par ailleurs que dans certains pays, l'option militaire envisagée par la CEDEAO est discutée au niveau des Parlements"
, poursuit-il.

"J'en appelle à l'esprit républicain du gouvernement ivoirien à l'effet de convoquer un débat national sur un éventuel envoi des troupes ivoiriennes pour combattre l'armée nigérienne. L'expérience douloureuse de nos soldats emprisonnés au Mali est encore fraîche dans la mémoire collective de nos compatriotes"
, a-t-il lancé.

Élu en avril 2021, le président Mohamed Bazoum a été destitué le mercredi 26 juillet 2023 par des officiers de l'armée nigérienne au terme d'un mouvement d'humeur de la garde présidentielle.


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