Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, traverse l'une de ses pires crises économiques depuis des années à la suite des réformes mises en place par le président Bola Ahmed Tinubu, arrivé au pouvoir en mai 2023. L'inflation des denrées alimentaires dépasse les 40 % et le prix de l'essence a triplé.
Plusieurs centaines de manifestants ont par ailleurs défilé dans le quartier d'Ikeja, à Lagos, la capitale économique.
Les manifestations se déroulent sous haute sécurité, les autorités ayant prévenu ne pas vouloir voir se reproduire au Nigeria les récentes violences meurtrières au Kenya, où un projet de nouvelles taxes a mis le feu aux poudres.
Baptisé #EndbadGovernanceinNigeria (Mettre fin à la mauvaise gouvernance au Nigeria), le mouvement de protestation s'est attiré de nombreux soutiens sur les réseaux sociaux.
À Kano, des groupes de manifestants ont commencé à vandaliser des panneaux de signalisation et tenter d'allumer des incendies, a constaté un journaliste de l'AFP.
Jite Omoze, 38 ans, un ouvrier travaillant dans une usine, a déclaré:
Nous avons faim, même la police et l'armée ont faim.
À la veille des manifestations, les représentants du gouvernement avaient appelé les jeunes à éviter les rassemblements et à laisser le temps aux réformes de porter leurs fruits.
Le gouvernement a dressé mercredi la liste des aides qu'il a proposées pour atténuer les difficultés économiques, notamment l'augmentation du salaire minimum et la livraison de céréales dans les États du pays.
Le secrétaire du gouvernement de la Fédération, George Akume a déclaré à la presse:
Le gouvernement du président Tinubu reconnaît le droit de manifester pacifiquement, mais la circonspection et la vigilance doivent être nos mots d'ordre.
Au moins 50 personnes ont été tuées, selon l'agence nationale de protection des droits humains.
Le dernier grand mouvement de protestation au Nigeria a eu lieu en octobre 2020. Baptisé #EndSARS, il entendait mettre fin aux abus d'une brigade de police, la SARS, et s'est ensuite étendu à une contestation politique.
Ce mouvement était parvenu à obtenir la dissolution de cette unité de police, mais les manifestations se sont terminées dans un bain de sang avec au moins 10 manifestants tués, selon Amnesty International. Le gouvernement et l'armée ont nié toute responsabilité.