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Mali: les militaires ont repris Kidal, bastion de la rébellion touareg

L'armée malienne a pris mardi Kidal (nord) aux séparatistes touareg après des années d'absence de cette ville stratégique devenue un enjeu majeur de souveraineté pour l'État central.

La rédaction
14:25 - 15/11/2023 mercredi
MAJ: 15:18 - 15/11/2023 mercredi
AFP
Crédit photo: Souleymane AG ANARA / AFP
Crédit photo: Souleymane AG ANARA / AFP

La prise de Kidal est un succès symbolique significatif pour les colonels qui ont pris par la force en 2020 la direction de ce pays confronté depuis 2012 à la propagation terroriste et à une crise sécuritaire et politique profonde. Elle a été saluée par un certain nombre de partis et organisations.


Des dizaines de personnes se sont réunies sur la place de l'Indépendance dans la capitale Bamako en agitant des drapeaux maliens pour célébrer cette victoire, a constaté l'AFP. Le gouvernement du Burkina Faso, pays voisin lui aussi dirigé par des militaires qui ont scellé une alliance avec les Maliens, a salué ce succès, parlant de moment
"charnière"
de la lutte contre les groupes armés au Sahel et exprimant un
"soutien indéfectible"
aux autorités maliennes.

La capture de Kidal parachève une offensive terrestre lancée en fin de semaine passée et soutenue par des moyens aériens, avions et drones, dont ne dispose pas l'adversaire. Elle a impliqué des mercenaires de Wagner, selon les rebelles et d'autres sources comme des élus, bien que le gouvernement militaire nie la présence dans le pays du groupe de sécurité privé russe.

"Aujourd'hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal"
, a annoncé le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, dans un message lu au cours d'un flash spécial à la télévision d'État.

La rébellion a reconnu la perte de Kidal. Le Cadre stratégique permanent (CSP), alliance de groupes rebelles armés, a admis dans un communiqué s'être retiré de Kidal
"pour des raisons stratégiques"
après avoir résisté pendant plusieurs jours à l'avancée de l'armée et de Wagner en leur
"infligeant des grandes pertes humaines et matérielles".

Il a parlé de
"nouvelle étape"
et appelé à une
"mobilisation permanente"
.
"La lutte continue"
, a juré le CSP, appelé à des choix opérationnels.

Kidal, foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l'Algérie situé à plus de 1.500 km et 24 heures de route de la capitale Bamako, s'était vidée d'une grande partie de ses quelques dizaines de milliers d'habitants, indiquaient des messages postés sur les réseaux sociaux.

L'armée et l'État maliens n'avaient quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes en avaient alors été chassées quand une visite du Premier ministre de l'époque, Moussa Mara, avait donné lieu à des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causé de lourdes pertes dans les rangs de l'armée.


Appel d'air


Les rebelles, qui s'étaient soulevés deux ans plus tôt en même temps que les salafistes, avaient accepté un cessez-le-feu avec le gouvernement quelques jours après.


Les terroristes, eux, ont continué à combattre l'État malien et toute présence étrangère, et étendu leurs agissements au centre du Mali et aux pays voisins.


Les séparatistes ont repris les hostilités en août. Le retrait de la mission de l'ONU (Minusma), poussée vers la sortie par le régime militaire, a déclenché une course au contrôle du territoire entre les acteurs armés du nord (armée, séparatistes, terroristes).

Le gouvernement a signifié de longue date sa détermination à reprendre Kidal.


En décrochant de Kidal le 31 octobre, la Minusma a créé un appel d'air.


Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s'est mise en branle en fin de semaine passée en direction de Kidal. Elle a subi en route les attaques des rebelles. Aucun bilan humain et matériel n'a pu être établi de sources indépendantes.

Plusieurs civils ont été tués par des frappes aériennes, selon des résidents et les rebelles, ce que l'armée a démenti.


Le Colonel Assimi Goita a parlé de
"lourdes pertes"
infligées à l'ennemi. Il a déclaré:

Notre mission n'est pas achevée. Je rappelle qu'elle consiste à recouvrer et à sécuriser l'intégrité du territoire.

Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a parlé sur les réseaux sociaux d'
"avancée considérable"
qui
"démontre la pertinence des choix stratégiques opérés par le Mali"
.

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