France: l'indexation fiscale sur l'inflation jugée inappropriée pour une loi spéciale

11:0611/12/2024, mercredi
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 Le Conseil d'État français a rendu ce mardi 10 décembre un avis important concernant le projet de "loi spéciale".
Crédit Photo : BERTRAND GUAY / AFP
Le Conseil d'État français a rendu ce mardi 10 décembre un avis important concernant le projet de "loi spéciale".

Le Conseil d'État français a rendu ce mardi 10 décembre un avis important concernant le projet de "loi spéciale" que le gouvernement doit présenter en Conseil des ministres. Il estime que l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu sur l'inflation "ne relève pas des dispositions ayant leur place dans un tel texte".

Cet avis, sollicité et rendu public par le gouvernement, précise que la loi spéciale a pour objectif exclusif de permettre la perception des impôts existants en l'absence d'une loi de finances adoptée dans les délais habituels.


L'inclusion de l'indexation serait une modification substantielle des règles fiscales, juge le Conseil, excédant ainsi le périmètre limité de ce texte.

Ces derniers jours, des groupes parlementaires ont exprimé leur volonté d'amender le projet de loi pour y inclure l'indexation du barème fiscal. Cela vise à protéger les ménages d'une hausse mécanique de leur impôt, voire d'une entrée involontaire dans l'assujettissement pour environ 300 000 contribuables.


Cependant, la crainte d'un rejet pour inconstitutionnalité de ces amendements reste forte.


Le gouvernement prévoit de traiter cette question dans une loi de finances classique début 2025. Une telle démarche permettrait de respecter les contraintes juridiques tout en évitant des effets néfastes pour les contribuables.


Depuis la censure parlementaire du 4 décembre, l'exécutif se trouve en gestion des
"affaires courantes"
. Malgré ce statut transitoire, le Conseil d'État a confirmé que le gouvernement démissionnaire reste compétent pour porter une loi spéciale. Selon l'avis, ce type de texte, nécessaire pour
"assurer la continuité de la vie nationale"
, peut être proposé, présenté et soutenu devant les assemblées même en l'absence d'un gouvernement de plein exercice.

Le Conseil d'État recommande également l'inclusion de dispositions permettant à l'État et à l'Urssaf de recourir à l'emprunt pour assurer leurs engagements financiers.

Il rappelle que des interruptions de paiements, notamment en matière de protection sociale, porteraient atteinte à des principes constitutionnels tels que la santé publique.


La procédure de la loi spéciale, rare en France, n'a été utilisée qu'une fois auparavant, en 1979, souligne l'avis.
Cette singularité témoigne des enjeux budgétaires et politiques majeurs auxquels le gouvernement fait face en cette fin d'année.

Le Conseil d'État a émis cet avis dans un contexte politique particulier. Le Président français Emmanuel Macron cherche à trouver des soutiens pour former un nouveau gouvernement, après la censure du Premier ministre Michel Barnier, la semaine dernière à l'Assemblée nationale.


Pour rappel, suite aux élections législatives anticipées de l'été dernier, aucun groupe parlementaire ne dispose d'une majorité dans l'hémicycle.


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