"Propagande", "complot": le vice-président kényan nie les accusations de corruption contre lui

10:248/10/2024, mardi
AFP
Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse à sa résidence officielle à Nairobi, le 7 octobre 2024, avant le vote de l'Assemblée nationale sur sa motion de destitution.
Crédit Photo : LUIS TATO / AFP
Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse à sa résidence officielle à Nairobi, le 7 octobre 2024, avant le vote de l'Assemblée nationale sur sa motion de destitution.

Le vice-président kényan Rigathi Gachagua a nié lundi les accusations de corruption portées contre lui, qu'il a qualifiées de "pure propagande" et de "complot", à la veille d'un vote de l'Assemblée nationale sur sa destitution.

M. Gachagua est visé par une procédure de destitution inédite, lancée le 1er octobre, marquant le point culminant de plusieurs mois de conflit avec le président William Ruto, avec qui il a été élu en août 2022.


Une motion déposée par un député de la coalition présidentielle, Kenya Kwanza, énumère onze motifs de destitution, dont
"atteinte à l'unité nationale", "insubordination"
envers le président, ainsi que de nombreuses suspicions de
"crimes économiques"
tels que détournement de fonds publics, conflits d'intérêts et abus de pouvoir.

Lors d'une conférence de presse lundi soir, M. Gachagua a affirmé qu'il se présenterait mardi devant l'Assemblée nationale pour répondre aux accusations
"scandaleuses, qui n'ont aucun fondement, qui sont de la pure propagande, qui sont un complot pour (le) chasser du pouvoir en raison d'autres considérations politiques".

La motion affirme notamment qu'
"au cours des deux dernières années, (il) a accumulé de manière inexplicable un portefeuille immobilier colossal estimé à 5,2 milliards de shillings (environ 36 millions d'euros), provenant principalement de produits présumés de la corruption et du blanchiment d'argent".

Pendant plus de deux heures face à la presse, M. Gachagua a répondu point par point aux accusations, notamment concernant l'acquisition de sa fortune, affirmant que plusieurs de ses propriétés, dont des hôtels et des appartements, ont été héritées de son frère défunt.

Il a également écarté toute idée de démission:
"Je n'ai aucune intention de démissionner de ce poste. Je me battrai jusqu'au bout",
a-t-il affirmé, promettant de se défendre devant les tribunaux si nécessaire.

Je me soumettrai à des institutions indépendantes et je n'ai aucun doute que j'obtiendrai justice et que cette procédure de destitution sera annulée.

L'Assemblée nationale doit voter mardi sur sa destitution. Pour être adoptée, la motion devra réunir les deux-tiers des députés, soit 233 voix. Si elle est approuvée, elle sera ensuite débattue et votée au Sénat, où 45 voix seront nécessaires.

En cas d'adoption, M. Gachagua, 59 ans, deviendrait le premier vice-président kényan destitué dans le cadre de cette procédure inscrite dans la Constitution de 2010.


En 1989, le vice-président Josephat Karanja avait démissionné dans des circonstances similaires avant qu'un vote de défiance ne l'accuse de saper l'autorité du président Daniel arap Moi.


Rigathi Gachagua avait été choisi par William Ruto comme colistier pour la présidentielle d'août 2022, malgré une réputation ternie par plusieurs accusations de corruption. Il dispose d'un solide réseau d'influence, notamment dans la région stratégique du Mont Kenya, et a joué un rôle clé dans la victoire de M. Ruto face à Raila Odinga.

Cependant, les relations entre M. Gachagua et le président se sont détériorées, notamment après un mouvement de contestation antigouvernementale en juin et juillet. Ses détracteurs lui reprochent de ne pas avoir soutenu M. Ruto face aux manifestations qui réclamaient sa démission. La répression de ces manifestations a fait plus de 60 morts.


Depuis, M. Gachagua estime être marginalisé par le président, qui a entrepris un rapprochement avec le Mouvement démocratique orange (ODM) de M. Odinga.


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