Sénégal: le président Diomaye Faye dissout l'Assemblée, législatives le 17 novembre

La rédaction
09:4313/09/2024, vendredi
AFP
Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye.
Crédit Photo : Présidence du Sénégal / Média X
Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu en mars sur la promesse d'un changement profond, a annoncé jeudi la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue d'élections législatives le dimanche 17 novembre 2024.

Cette dissolution vise à lui donner une majorité stable pour gouverner, alors que la précédente législature, élue en 2022 et dominée par le camp de l'ancien président Macky Sall, lui était hostile.


"Je dissous l'Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de concrétiser la transformation systémique que je leur ai promise.",
a déclaré le chef de l'État de 44 ans à la télévision nationale.

Et d'ajouter:


Aujourd'hui, plus que jamais, l'heure est venue d'ouvrir une nouvelle ère à notre quinquennat.

Selon lui, les récents blocages à l'Assemblée l'ont convaincu que
"le gage d'une collaboration franche avec la majorité parlementaire (...) était une illusion. Celle-ci ayant décidé de se détourner du peuple pour promouvoir le culte du blocage et entraver ainsi la mise en œuvre du projet sur la base duquel j'ai été élu",
a-t-il affirmé.

Conformément à ses engagements, ce chantre du panafricanisme de gauche et du souverainisme suscite d'immenses attentes parmi la jeunesse de ce pays d'Afrique de l'Ouest, où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans.

Cependant, les nouvelles autorités n'ont pas encore lancé de chantiers majeurs, certains justifiant cette inaction par l'absence de majorité au Parlement.


Comme sous le régime de l'ex-président Macky Sall, des milliers de Sénégalais tentent toujours de rejoindre l'Europe malgré les risques, principalement via l'archipel espagnol des Canaries. Les tragédies continuent de se succéder.


Encore cette semaine, au moins 39 candidats à l'émigration clandestine ont péri dans le naufrage de leur embarcation au large de Mbour, une grande ville portuaire, selon un dernier bilan annoncé jeudi.

"Le gouvernement travaille d'arrache-pied à mettre en place des politiques publiques adéquates pour offrir des emplois aux jeunes ici au Sénégal et les encourager à participer à la reconstruction de notre pays",
a déclaré le chef de l'État mercredi à Mbour.

Toutefois, les jeunes, particulièrement touchés par le chômage, et l'ensemble de la population doivent comprendre que la situation
"ne peut être résolue du jour au lendemain"
, a-t-il reconnu.

Blocus à l'Assemblée


Conformément aux attentes, les antagonismes entre le pouvoir et l'opposition ont entravé l'action gouvernementale depuis l'arrivée des nouvelles autorités. Le Premier ministre Ousmane Sonko, 50 ans, n'a pas encore prononcé de discours de politique générale devant l'Assemblée, malgré la menace d'une motion de censure déposée par le camp de l'ancien régime.


L'Assemblée a également rejeté début septembre un projet de dissolution de deux institutions consultatives, entraînant un bras de fer entre l'exécutif et la 14e législature.

Le gouvernement a toutefois lancé des audits dans tous les secteurs concernant la gestion des fonds publics sous l'ancienne présidence.


Il a également baissé les prix de produits tels que le riz, le sucre, et l'huile, suspendu des constructions sur le littoral, et amorcé une vaste réforme de la justice.

Mauvaise gestion


Jeudi, le président Faye a également critiqué la gestion des finances publiques par son prédécesseur Macky Sall. Citant un audit soumis à la Cour des Comptes, il a dénoncé
"des dérapages volontairement dissimulés", "avec une évolution incontrôlée de la masse salariale, de la dette et des intérêts de la dette, une mauvaise gestion des subventions et des dérapages dans les tirages sur les ressources extérieures".

Il a promis que le rapport approuvé par la Cour des Comptes serait publié, et que les responsabilités seraient établies
"à tous les niveaux de la chaîne administrative et politique".

L'opposition estime, pour sa part, que le nouveau régime n'a pas de projet politique et gouverne sans direction. Elle dénonce une chasse aux sorcières visant les responsables de l'ancien régime.

Malgré cela, l'opposition apparaît affaiblie depuis la victoire présidentielle de Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour avec 54,28 % des voix, selon l'analyste politique Alassane Beye.


Toutefois, l'ex-coalition au pouvoir conserve des ressources pour obtenir de bons résultats aux prochaines législatives, assure-t-il.


L'ex-Premier ministre Amadou Ba, arrivé deuxième à la présidentielle, a annoncé le lancement de son parti lundi.

Le parti au pouvoir, Pastef-Les Patriotes, part favori pour les prochaines élections, même si le contexte a changé depuis la présidentielle, qui s'apparentait à un référendum pour la rupture ou la continuité, analyse M. Beye.


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