Sénégal: Le Président Faye face à la décision cruciale de dissoudre le Parlement pour élections anticipées

16:5712/09/2024, jeudi
AFP
Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye.
Crédit Photo : Média X / Archive
Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye doit s'adresser à la nation jeudi soir pour éclaircir l'horizon politique, plus de cinq mois après son entrée en fonction, sur la promesse d'un changement profond.

À partir de jeudi, le chef de l'État peut décider de dissoudre le Parlement hostile au pouvoir et de convoquer des élections législatives anticipées. Cela pourrait lui donner la majorité nécessaire pour mettre en œuvre sa politique, selon les délais prévus par la Constitution.


Il s'exprimera à 20H00 (locales et GMT), a annoncé la télévision nationale RTS, sans préciser le thème de son allocution.


Élu en mars 2024 sur une promesse de changement profond, le chef de l'État, âgé de 44 ans, chantre d'un panafricanisme de gauche et du souverainisme, suscite de grandes attentes parmi la jeunesse de ce pays ouest-africain, où trois quarts de la population ont moins de 35 ans.

Cependant, les nouvelles autorités n'ont toujours pas initié de projet majeur, certains justifiant cette lenteur par l'absence de majorité au Parlement.


Comme sous le régime de l'ex-président Macky Sall, des milliers de Sénégalais continuent de tenter de rejoindre l'Europe malgré les dangers, principalement via l'archipel espagnol des Canaries, et les tragédies se multiplient.


Cette semaine encore, au moins 36 candidats à l'émigration clandestine ont péri dans le naufrage de leur embarcation au large de la grande ville portuaire de Mbour.


"Le gouvernement travaille d'arrache-pied pour mettre en place des politiques publiques adéquates afin de donner du travail aux jeunes ici au Sénégal et les inciter à participer à la reconstruction de notre pays",
a déclaré le chef de l'État mercredi à Mbour.

Toutefois, il a reconnu que les jeunes, particulièrement frappés par le chômage, ainsi que l'ensemble de la population, doivent comprendre que cette situation
"ne peut être résolue du jour au lendemain"
.

Obstruction parlementaire


Depuis l'investiture des nouvelles autorités, les tensions entre le pouvoir et l'opposition ont entravé l'action gouvernementale. Le Premier ministre Ousmane Sonko, âgé de 50 ans, n'a pas encore prononcé de discours de politique générale devant l'Assemblée, malgré la menace d'une motion de censure déposée par le camp de l'ancien régime.

Après des semaines de tergiversations, les nouvelles autorités ont annoncé que ce discours aurait finalement lieu vendredi.


En septembre, l'Assemblée a rejeté un projet de dissolution de deux institutions consultatives, ce qui a créé un bras de fer entre l'exécutif et la 14e législature.


Le gouvernement a toutefois lancé des audits dans tous les secteurs sur la gestion des fonds publics sous l'ancienne présidence. Il a également baissé les prix de produits de première nécessité comme le riz, le sucre et l'huile, suspendu des constructions sur le littoral, et entamé une vaste réforme de la justice.

Cependant, l'opposition critique l'absence de projet politique clair du nouveau régime et qualifie sa gouvernance de
"sans direction"
, dénonçant une chasse aux sorcières visant les responsables de l'ancien régime.

Affaiblie depuis la victoire de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle, où il a été élu dès le premier tour avec 54,28 % des voix, l'opposition n'en reste pas moins active. L'ancien Premier ministre Amadou Ba, arrivé deuxième lors de l'élection, a annoncé la création de son parti lundi.

Si le président Faye dissout l'Assemblée nationale, il aura entre 60 et 90 jours pour organiser des élections législatives anticipées, conformément à la Constitution.


Le parti au pouvoir, Pastef-Les Patriotes, semble en position favorable pour remporter les élections, même si le contexte a évolué depuis la présidentielle, laquelle était perçue comme un référendum sur la rupture ou la continuité, selon l'analyste politique Alassane Beye.


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