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L'ambassadrice Arikana Chihombori-Quao critique sévèrement la politique française en Afrique

Se prononçant sur les coups d'Etat qui se sont multipliés en Afrique ces dernières années, l'ancienne ambassadrice de l'Union Africaine aux Etats-Unis Arikana Chihombori-Quao, a sévèrement critiqué la politique française et occidentale en Afrique. Pour elle, "il serait très naïf des Occidentaux de penser que l’exploitation de l’Afrique continuerait incessamment pour toujours".

La rédaction
12:00 - 8/09/2023 vendredi
MAJ: 16:11 - 23/10/2023 lundi
Yeni Şafak
L'ancienne ambassadrice de l'Union Africaine aux Etats-Unis, Arikana Chihombori-Quao. Crédit Photo: X / @AfricanUnionUS. Archives.
L'ancienne ambassadrice de l'Union Africaine aux Etats-Unis, Arikana Chihombori-Quao. Crédit Photo: X / @AfricanUnionUS. Archives.
Interrogée par Al Jazeera sur les sept coups d'Etats notés ces dernières années sur le continent, Arikana Chihombori-Quao explique que
"c’est un vrai problème pour l’Ouest parce qu’ils ne l’ont pas vu venir en fait. Néanmoins, il serait très naïf des Occidentaux de penser que l’exploitation de l’Afrique continuerait incessamment pour toujours. Ce qui se passe en Afrique est une révolution”
.

“Ce que vous voyez est un électorat africain désormais conscient, informé, qui comprend les vrais enjeux. Dans le passé, les Africains étaient mal informés, mal orientés avec de fausses informations et convaincus que les chefs d’Etat africains étaient les seuls problèmes. Mais maintenant ils comprennent la ‘main invisible’ et le rôle que cette ‘main invisible’ joue pour faire en sorte que l’Afrique reste là où elle voudrait qu’elle soit”,
a-t-elle ajouté.

Elle dénonce les contrats dits léonins


La politique française en Afrique a été impulsée par des contrats léonins signés par les ex-colonies françaises et qui étaient des conditions pour leur accorder l'indépendance en gardant une certaine mainmise sur ces pays. Les dirigeants africains qui se sont succédé ont ensuite gardé cet
"héritage"
français au détriment des intérêts de leurs peuples. Et sur cette question, l'ambassadrice ne mâche pas ses mots.

“La majorité des chefs d’Etats africains post-coloniaux ont été des ‘pantins’ Français mis en place pour continuer de pérenniser le même héritage français. Celui-ci ne te donne ni le contrôle du militaire, ni sur tes ressources, ni sur tes finances (...) Je parle des pays qui déposent leurs réserves au trésor français, qui ont abandonné le contrôle sur l’exploitation de leurs ressources, sans plus-value, sachant que la France a un droit de premier refus pour toutes les ressources naturelles découvertes et à découvrir ; les entreprises françaises ayant un droit de premier refus sur tous les contrats, en plus de la présence militaire française dans ces pays. Et la France à cette capacité à les envahir dès qu’elle sent qu’ils sont en train de menacer ses intérêts. Les africains ne comprenaient pas cela mais maintenant si,”
explique Chihombori-Quao.

Sur le Niger et le président Bazoum


Pour l'américaine d'origine ghanéenne,
"le plus grand problème et la plus grande menace à la sécurité et à la paix en Afrique, c’est la France. Tant que les accords (léonins) qu’on avait contraint les Africains à signer n’auront pas été rompus, rien de ce que nous ferons ne nous donnera une véritable libération économique
."

Son excellence a été aussi interrogée sur le cas du Niger et le Président Mohamed Bazoum qui a été déchu du pouvoir en fin juillet par un coup d'Etat, et qui avait pourtant une belle réputation en occident, lui souligne-t-on.


“95% de l’uranium nigérien détermine 30% de l’électricité en France alors que 70% du peuple nigérien n’a pas accès à l’électricité. Comment est-ce possible ? Comment le Président Bazoum peut être fier de lui avec cela ? Il n’y a pas de développement au Niger. C’est le deuxième pays le plus pauvre d’Afrique, du monde en fait. Et bien sûr la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire, la France, tous l’apprécient (Bazoum) parce qu’il permettait que cette exploitation puisse continuer",
a répondu l'ambassadrice.

Et d'ajouter:
“le monde devrait comprendre que des millions d’enfants africains ont faim, des millions d’enfants africains meurent, des millions de femmes africaines meurent en donnant la vie, des millions de jeunes africains sont au chômage, parce que l’occident continue son agenda d’exploitation incessante du continent africain. Cette ère est finie parce que les africains ont dit que ça suffit”
.

Qui est Arikana Chihombori-Quao ?


Arikana Chihombori-Quao est à la base une médecin américaine d'origine ghanéenne, qui a occupé plusieurs postes à l'Union Africaine, avant sa nomination comme ambassadrice de l'Union africaine aux États-Unis en 2017.


Mais en 2019, elle a été relevée de ses fonctions à ce poste pour ses positions publiques sur la politique occidentale en Afrique et notamment sur la mainmise de la France sur ses anciennes colonies africaines.

Même si l'Union Africaine, par la voix de la porte-parole du bureau de la présidence, Ebba Kalondo, avait nié les faits, expliquant qu'elle
"était arrivée au terme de sa nomination politique après avoir passé trois ans à ce poste",
le Congrès de la diaspora africaine avait demandé dans une pétition, que Chihombori-Quao soit réintégrée, affirmant que celle-ci avait été licenciée en raison de
"l'influence et des pressions exercées sur les dirigeants et les peuples africains par les anciennes puissances coloniales d'Europe"
.

Par
Alioune Aboutalib LÔ

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