Depuis plus de trois décennies, le Maroc s'emploie à promouvoir la "diplomatie du Ramadan" en tant que "soft power" contribuant à améliorer et à renforcer ses relations avec les pays européens, ainsi qu’à soutenir sa communauté à l'étranger, qui compte plus de 5 millions de personnes, selon les statistiques officielles.
Pendant le mois de Ramadan, Rabat organise des "Leçons Hassaniennes" avec la participation d'érudits du monde entier et en présence du roi Mohammed VI, tandis que des Zaouïas soufies accueillent leurs fidèles originaires de plusieurs pays.
À la mi-mars, le Maroc a annoncé qu'il avait envoyé 144 imams et érudits dans 9 pays étrangers, pour prendre part aux activités de la communauté marocaine et des musulmans de ces pays durant le mois de Ramadan, peut-on lire dans un communiqué de la Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l'Étranger.
Cette Fondation organise et encadre ces visites de guides religieux marocains, dans le cadre du "Programme de sensibilisation religieuse", qui a débuté en 1992.
Le deuxième instrument de la diplomatie du Ramadan apparaît dans la volonté du Maroc d'organiser, depuis plus d'un demi-siècle, des rencontres connues sous le nom de "Leçons Hassaniennes", en accueillant des savants et des érudits du monde entier, pour traiter de questions liées à la religion et aux préoccupations de la Ummah (nation).
Les "Leçons Hassaniennes", causeries qui portent le nom du défunt roi Hassan II, représentent, selon le penseur marocain, une "Sunnah" (tradition) marocaine qui offre une opportunité de communication avec les érudits de la Ummah (nation), et une occasion pour la classe dirigeante de se former sur le plan religieux.
Le défunt roi Hassan II a initié ces rencontres en 1963, et le roi Mohammed VI en a assuré la pérennité. Elles se tiennent au palais royal de la capitale, Rabat, mais aussi parfois dans d'autres villes.
Les "Leçons Hassaniennes" se distinguent également par le fait qu'elles ont ouvert leurs portes à des savants de haut niveau, de différentes sectes et orientations intellectuelles, qu'ils soient sunnites ou chiites, ainsi qu'à des cheikhs soufis.
Ainsi, des savants et des cheikhs tels que Abul Ala Maududi (Inde), Mohamed Metwali Chaârawi et Youssef al-Qardaoui (Égypte), Mohamed Saïd Ramadhan al Bouti (Syrie), Ahmed Raïssouni (Maroc) et le leader chiite Moussa Al-Sadr (Liban) ont été invités à donner des causeries religieuses du haut de cette tribune.
Cette causerie, qui se déroule en présence du roi Mohammed VI, consiste en une leçon de 50 à 60 minutes, donnée par l'un des érudits, un évènement retransmis en direct à la radio et à la télévision.
Les célèbres psalmodieurs marocains contribuent également à la diplomatie du Ramadan, que ce soit à l'intérieur du pays comme Omar Al Kazabri, imam de la mosquée Hassan II de Casablanca (la plus grande du pays), ou Laayoun EL Kouchi, imam de la mosquée Al-Andalus de Casablanca.
Ou encore des récitateurs qui remportent des concours internationaux, comme Younes Mustapha Gharbi, lauréat en avril 2022 du concours "Parfum de la parole" pour la récitation du Saint Coran, organisé par l'Arabie Saoudite, avec la participation de 40 000 participants venus de 80 pays.
Les confréries soufies constituent un autre vecteur de la diplomatie du Ramadan au Maroc. Les Zaouïas s'emploient à organiser divers événements, tels que la tenue de conférences, ainsi que des séances de dhikr, qui attirent des adeptes de différentes confréries, de l'intérieur comme de l'extérieur du Maroc.
Les événements les plus importants sont organisés par la Tariqa Qadiriya Boutchichiya (la plus grande confrérie soufie du pays) et la Tariqa Tijaniyya, qui se caractérise par la présence d'un grand nombre de fidèles originaires de plusieurs pays.
Aujourd'hui encore, la Zaouïa Tijaniyya au Maroc maintient ses liens historiques avec les pays d'Afrique, en plus du rôle historique joué par "Fès" en tant que capitale religieuse et du savoir, où les Africains affluent pour recevoir l'enseignement de ses érudits.
Le Maroc entretient depuis des décennies un intérêt pour les Zaouïas et les confréries soufies, qui sont en convergence avec les orientations du pays. Rabat voit dans les Zaouïas soufies des foyers d'épanouissement pour des milliers de ses citoyens.