Indiens bloqués en France: L'avion repart vers Bombay avec moins de passagers qu'à l'arrivée

19:2125/12/2023, lundi
MAJ: 25/12/2023, lundi
AFP
Un avion Airbus A350 "Flightlab" décollant de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, en France, le 18 octobre 2023.
Crédit Photo : CHARLY TRIBALLEAU / AFP (Archives)
Un avion Airbus A350 "Flightlab" décollant de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, en France, le 18 octobre 2023.

L'avion immobilisé depuis jeudi dans la Marne (Nord-Est de la France) a redécollé lundi à 14H35 (13H35 GMT) vers Bombay, avec 276 passagers indiens à bord sur les 303 initiaux, les deux passagers soupçonnés d'être des passeurs ayant pour leur part été laissés libres par la justice.

Outre ces deux Indiens, 25 autres, dont deux mineurs, restent pour le moment en France après avoir formulé une demande d'asile, qui va être étudiée à l'aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle, a précisé la préfecture de la Marne dans un communiqué.


L'Airbus A340 de la compagnie roumaine Legend Airlines, immobilisé à l'aéroport de Vatry (Marne) depuis jeudi après-midi en raison de soupçons de trafic d'êtres humains, a repris son vol en direction de Bombay, selon ses déclarations.


Les deux Indiens soupçonnés d'être des passeurs, nés en 2000 et 1984, n'ont pas été mis en examen, mais placés sous le statut plus favorable de témoins assistés et sont donc ressortis libres lundi après leur interrogatoire devant un juge d'instruction parisien.

Le parquet de Paris avait demandé leur placement en détention provisoire.


Me Salomé Cohen, avocate d'un des deux mis en cause, a salué auprès de l'AFP
"la lecture extrêmement précise et minutieuse de la juge d’instruction qui a su se défaire de la médiatisation de ce dossier"
.

L'enquête judiciaire concerne des allégations relatives à l'assistance à l'entrée et au séjour illégal de ressortissants étrangers sur le territoire en bande organisée, ainsi que la participation à une association de malfaiteurs, selon les informations fournies par le parquet.


Escale technique


La qualification de traite des êtres humains en bande organisée n'a pas été retenue à ce stade, car les 303 Indiens seraient montés volontairement dans cet avion, selon une source proche du dossier.


La justice avait levé dimanche la saisie de l'appareil, et les autorités se sont ensuite efforcées d'
"obtenir les autorisations nécessaires"
à son décollage.

L'embarquement a pris plusieurs heures. Le personnel de bord est monté aux alentours de midi, puis les passagers sont arrivés par grappes, à bord de bus, et sont montés par une rampe couverte.


L'avion ne devait initialement effectuer qu'une escale technique d'une heure à Vatry, le temps de faire le plein sur son trajet reliant Dubaï (Emirats arabes unis) à Managua, capitale du Nicaragua, où des passagers entendus par la justice dimanche ont dit vouloir se rendre pour un séjour touristique.

Mais il a été immobilisé à la suite d'un
"signalement anonyme"
selon lequel des passagers étaient
"susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains"
en bande organisée, avait indiqué le parquet de Paris à l'AFP vendredi.

Zone d'attente


Selon une source proche du dossier, ces Indiens, probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada.


"On ne sait pas si c'est de la traite d'êtres humains, du trafic de migrants ou ni l'un, ni l'autre... Mais on a quand même gardé dans un aéroport, pendant trois nuits et trois jours, 303 personnes qui étaient en escale, des hommes, des femmes et des enfants. C'est surprenant"
, avait estimé dimanche auprès de l'AFP Geneviève Colas, coordinatrice pour le Secours catholique-Caritas du Collectif contre la traite des êtres humains. Et de noter:

S'ils sont vraiment victimes de traite, ce n'est pas normal de simplement les faire repartir vers un autre pays.

Selon la préfecture de la Marne, des lits individuels, des toilettes et des douches avaient été installés dans la zone d'attente de l'aéroport, créée de toutes pièces pour faire face à cette situation inédite.


Le bâtonnier de Châlons-en-Champagne Me François Procureur s'était ému dimanche de
"problèmes d'exiguïté et de mauvaises conditions de vie"
.

La justice a remis en cause dimanche la légalité de la procédure maintenant les passagers dans cette zone d'attente, la jugeant illégale pour les trois premiers passagers auditionnés par un juge des libertés et de la détention.


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