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Soupçon de traite d'êtres humains: marathon judiciaire pour 300 Indiens bloqués en France

Un marathon judiciaire inédit a débuté dimanche sur l'aéroport de Vatry, dans l'est de la France, pour auditionner les quelque 300 passagers indiens d'un vol immobilisé depuis trois jours par les autorités sur des soupçons de traite d'êtres humains.

17:15 - 24/12/2023 dimanche
AFP
Images de l'aéroport de Vatry (Marne), où un marathon inédit a débuté dimanche, avec l'ouverture des audiences sur le maintien en zone d'attente des passagers indiens du vol immobilisé depuis jeudi par les autorités françaises sur des soupçons de traite d'êtres humains.
Crédit Photo : Anahide MERAYAN / AFP
Images de l'aéroport de Vatry (Marne), où un marathon inédit a débuté dimanche, avec l'ouverture des audiences sur le maintien en zone d'attente des passagers indiens du vol immobilisé depuis jeudi par les autorités françaises sur des soupçons de traite d'êtres humains.

Le temps est compté pour les quatre juges mobilisés: ils ne disposent que de deux jours pour voir tous les passagers qui leur seront présentés, parmi les 303 personnes confinées dans le hall d'accueil transformé en zone d'attente pour étrangers, puis de 24 heures supplémentaires pour statuer sur leur sort.


"L'objectif, c'est de se mettre en capacité de voir tout le monde"
, a expliqué dimanche Annick Browne, procureure de Châlons-en-Champagne.

Cette organisation d'envergure à la veille de Noël, qui mobilise aussi des avocats, des greffiers et des traducteurs, est rendue indispensable par la loi française.

Dans ce type d'affaire, la police aux frontières ne peut maintenir un étranger en zone d'attente plus de quatre jours. Seul un juge peut prolonger ce délai, de huit jours maximum dans un premier temps puis, exceptionnellement, de huit autres. Or, les derniers passagers placés dans la zone d'attente l'ont été dans la nuit de jeudi à vendredi.


11 mineurs non-accompagnés


Les audiences sont organisées dans un bâtiment voisin du hall, autour duquel ont été installées des bâches blanches pour éviter les regards indiscrets.


Les 303 Indiens sont confinés à Vatry, petit aéroport proche de Reims, à 150 km à l'est de Paris, depuis jeudi soir, quelques heures après l'atterrissage de leur avion, un Airbus A340 de la compagnie roumaine Legend Airlines, pour faire le plein.

Le vol devait initialement relier Dubaï (Emirats arabes unis) à Managua, capitale du Nicaragua. Mais l'escale technique s'est transformée en longue immobilisation après un
"signalement anonyme"
selon lequel des passagers étaient
"susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains"
, avait indiqué vendredi le le parquet de Paris.

Selon une source proche du dossier, ces Indiens, probablement des travailleurs aux Emirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux Etats-Unis ou au Canada.

Parmi eux figurent 11 mineurs non accompagnés, selon le parquet de Paris.


Gardes à vue prolongées


Deux gardes à vue débutées vendredi ont
"été prolongées samedi soir, pour une durée maximale de 48 heures"
, a indiqué le parquet de Paris,
"afin de vérifier"
si le rôle des deux personnes concernées
"a pu être différent de celui des autres".

Dix demandes d'asile avaient par ailleurs été déposées samedi en fin d'après-midi, selon une source proche du dossier.

Après trois nuits sur place,
"c'est sûr que c'est long"
et
"forcément frustrant"
, reconnaît Patrick Jaloux, président de la protection civile du département de la Marne, où se situe Vatry.

Pour s'occuper, les passagers, dont certains s'expriment en hindi et d'autres en tamoul,
"parlent beaucoup avec leurs familles au téléphone"
et
"jouent entre eux"
dans les zones de jeu déployées par la protection civile, indique-t-il.

La préfecture de la Marne précise que des lits individuels, des toilettes et des douches ont été installés, ainsi qu'une
"zone famille pour assurer l'intimité parent-enfant".

Les trente membres d'équipage concernés soit par la liaison Dubaï-Vatry, soit par le trajet Vatry-Managua, ont été
"autorisés à repartir librement"
, a assuré Liliana Bakayoko, qui se présente comme l'avocate de la compagnie aérienne.

D'après le site spécialisé Flightradar, Legend Airlines est une petite compagnie dont la flotte est composée de quatre avions.


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