Immigration: Macron semble avoir dissuadé les "frondeurs" de son camp

12:2723/12/2023, samedi
AFP
Des manifestants se tiennent derrière une banderole lors d'une marche de solidarité pour la défense des immigrés contre la nouvelle loi française sur l'immigration, place de la République à Paris, le 22 décembre 2023.
Crédit Photo : Dimitar DILKOFF / AFP
Des manifestants se tiennent derrière une banderole lors d'une marche de solidarité pour la défense des immigrés contre la nouvelle loi française sur l'immigration, place de la République à Paris, le 22 décembre 2023.

Des ministres mal à l'aise ou démissionnaires, finalement rentrés dans le rang: le président français Emmanuel Macron semble avoir circonscrit l'incendie déclenché par la loi controversée sur l'immigration du côté gauche de sa majorité, qui menaçait de tourner à la fronde.

Au final, seul le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a jeté l'éponge, heurté par un texte jugé trop dur et adopté avec les voix de l'opposition de droite et d'extrême droite.


La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Sylvie Retailleau a elle aussi présenté mercredi sa démission, en raison d'un
"désaccord profond"
sur les mesures concernant les étudiants étrangers. Mais il lui a été signifié qu'elle était refusée et elle reste en poste, selon son entourage.

Quant au ministre des Transports Clément Beaune, qui avait fait part de son malaise et échangé avec des collègues réfractaires avant le vote, il garde depuis le silence.


Le chef de l'Etat, soucieux de se montrer pugnace dans la crise, n'a rien laissé filtrer en public. Mais il n'en paraît pas moins agacé par ces ministres au bord de la crise de nerfs et par ces menaces de démissions.

Il a brutalement recadré mercredi une autre frondeuse présumée, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, prenant le contre-pied de ses déclarations critiques contre Gérard Depardieu et défendant l'acteur star du cinéma français, dans la tempête après des accusations de viol et agression sexuelle.


"personne n'est illégal"


La ministre, qui n'est autre que son ancienne conseillère à la Culture, tout comme Clément Beaune aux Affaires européennes, avait pourtant démenti le jour même les rumeurs de démission la concernant.


Emmanuel Macron, qui avait lui-même démissionné en 2016 du ministère de l'Economie pour préparer sa propre marche vers l'Elysée, appréciera sûrement à leur juste valeur toutes ces menaces avortées.

A peine arrivé à l'Elysée en 2017, il avait sèchement remis à sa place le chef d'Etat-major des armées, le général Pierre de Villiers, inquiet pour son budget, d'un cinglant
"Je suis votre chef !".

Depuis le vote de la loi immigration, il a tout fait pour colmater les brèches et éviter l'image d'une majorité facturée. Avec un seul mot d'ordre à l'approche de 2024, année des Jeux Olympiques de Paris dont il entend faire un tournant de son quinquennat: se mobiliser, serrer les rangs, poursuivre les réformes.

Pour éteindre l'incendie, le chef de l'Etat a immédiatement saisi le Conseil constitutionnel sur certaines dispositions de la loi, issues d'un compromis avec la droite mais très décriées sur son aile gauche. Une manière de donner des gages aux plus récalcitrants de son camp, qui espèrent voir certaines mesures censurées.


Le débat s'est notamment cristallisé sur les aides au logement, qui seront accessibles plus tard pour des étrangers arrivant sur le sol français et sur la
"caution retour"
demandée aux étudiants étrangers.

Le chef de l'Etat a lui-même convenu que demander une telle caution n'était
"pas une bonne idée"
alors que la compétition internationale est grande entre universités pour accueillir les talents étrangers.

La communauté universitaire s'est dite
"rassurée"
vendredi après un échange avec sa ministre de tutelle visant à obtenir le retrait de
"plusieurs mesures discriminatoires"
, dont la caution.

Le parti d'opposition de droite Les Républicains, artisan du durcissement de la loi, craint désormais de voir le texte détricoté.
"Pouvez-vous prendre l'engagement solennel que vous ferez appliquer la nouvelle loi immigration?"
, a lancé son président, Eric Ciotti, dans une lettre à la Première ministre Elisabeth Borne.

Environ un millier de personnes ont manifesté vendredi à Paris et des centaines à Bordeaux (sud-ouest) pour dénoncer l'adoption du projet de loi controversé sur l'immigration.

"Au cas par cas, on n'en veut pas, régularisation de tous les sans-papiers"
,
"personne n'est illégal"
, ont scandé les manifestants qui ont défilé à l'appel de collectifs de sans-papiers et de la Marche des Solidarités.

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