Gaza: Dans l'Enfer de l'Hôpital Al-Chifa

12:0723/03/2024, samedi
MAJ: 23/03/2024, samedi
AFP
Fumée s'élevant dans la bande de Gaza, le 21 mars 2024.
Crédit Photo : Giuseppe CACACE / AFP
Fumée s'élevant dans la bande de Gaza, le 21 mars 2024.

Des témoins horrifiés décrivent une scène d'apocalypse autour de l'hôpital Al-Chifa de Gaza, où l'armée israélienne mène une offensive brutale contre les combattants du Hamas. Des centaines d'hommes sont arrêtés, des femmes contraintes à la fuite, et les rues sont jonchées de corps sans vie, plongeant la région dans un cauchemar de violence sans précédent.

Des centaines d'hommes arrêtés, les femmes poussées vers le sud du territoire, et dans la rue des corps sans vie... des habitants des abords de l'hôpital Al-Chifa de Gaza décrivent "le feu de l'enfer" dans ce secteur où l'armée israélienne mène une offensive contre les Palestiniens.


"Toute la nuit, il y a eu des tirs et des bombardements d'artillerie. Le matin (vendredi, ndlr) je suis sorti chercher de l'eau chez mon voisin. Il y avait de nombreux corps dans la rue, des chars bloquant les accès à l'hôpital, un incendie dans une maison, des maisons détruites"
, raconte Mohamed, un homme de 59 ans qui n'a pas souhaité donner son vrai nom.

Autour du plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, les quartiers d'Al-Rimal et Al-Chati
"sont comme des villes fantômes"
, décrit cet habitant du camp de réfugiés palestiniens d'Al-Chati, tout proche.

"L'armée fait maison après maison et arrête tous les hommes, même des enfants. Tout le monde a peur d'être exécuté ou arrêté"
, poursuit-il. Pour lui,
"ce qui se passe c'est de la vengeance et de l'annihilation. J'ai l'impression que Gaza est devenu pire que le feu de l'enfer".

L'armée israélienne, qui a déclenché cette opération lundi, assure qu'elle
"continue à mener une activité opérationnelle précise dans l'hôpital al-Chifa, tout en évitant de créer des dommages aux civils, patients, équipes médicales et équipements médicaux".

De source militaire mais aussi selon des témoins, des combats ont opposé les soldats israéliens à des combattants palestiniens.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, plusieurs bâtiments de l'hôpital ont été touchés, notamment le service des maladies artérielles, incendié. Des arrestations ont eu lieu aussi parmi le personnel.


Un infirmier présent sur place, qui n'a pas voulu donner son nom, a raconté à un journaliste de l'AFP des bombardements nocturnes ayant selon lui
"endommagé tous les bâtiments"
, en particulier un service de chirurgie.

Dans l'hôpital, où ont trouvé refuge depuis des semaines des civils déplacés,
"il n'y a pas assez à boire ni à manger"
, ajoute-t-il.

Vêtements retirés


L'opération avait commencé lundi avec l'arrivée de dizaines de chars et véhicules blindés, sur la base
"d'informations indiquant que l'hôpital est utilisé par des terroristes haut-gradés du Hamas"
, selon l'armée israélienne.

Quatre jours plus tard, ce vendredi
"à l'aube, les forces d'occupation ont mené des incursions dans toutes les maisons et bâtiments résidentiels des environs du quartier d'Al-Katiba",
raconte Mahmoud Abou Amra, 50 ans.

Selon lui, elles
"ont sorti les résidents de leur maison, et contraint les hommes de plus de 16 ans à se dévêtir complètement à l'exception de leurs sous-vêtements. Elles les ont attachés, frappés à coup de crosse de fusil, insultés, puis emmenés dans une école proche de l'hôpital pour interrogatoire et détention".

Quant aux femmes et aux enfants,
"ils ont été forcés de partir vers l'ouest et la côte, pour rejoindre le sud de la bande de Gaza"
, a-t-il encore dit.

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