La Türkiye, la Russie et la Chine pourraient combler le vide laissé par la France en Afrique

15:0913/09/2023, Çarşamba
MAJ: 13/09/2023, Çarşamba
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L'Institut d'études régionales de l'Université des sciences sociales d'Ankara en Turkiye. Crédit photo: ASBU
L'Institut d'études régionales de l'Université des sciences sociales d'Ankara en Turkiye. Crédit photo: ASBU

L'Institut d'études régionales de l'Université des sciences sociales d'Ankara, Département d'études africaines, membre de la faculté, la Professeure associé Dr Elem Eyrice Tepeciklioglu, estime qu' "aux yeux des Africains, les puissances étrangères alternatives ne seront pas les pays occidentaux, mais des pays tels que la Russie, la Chine, l'Inde ou la Türkiye. Ainsi, les anciennes colonies françaises auront la possibilité de montrer à la France qu'elle n'est pas leur seule option".

Tepeciklioglu a évalué les coups d'État successifs dans les anciennes colonies françaises d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale à la correspondante de l'Agence Anadolu.


Elle a indiqué qu'un nouveau coup d'État s'est ajouté à la série de coups d'État dans les anciens pays coloniaux français avec l'annonce qu'un groupe de soldats a pris le contrôle de l'administration du Gabon, pays d'Afrique centrale, le 30 août.

"Il y a un sentiment anti-français croissant au Gabon et dans la région. Le style des dirigeants français est critiqué. Malgré cela, la France reste l'un des principaux partenaires commerciaux des anciennes colonies comme le Gabon. C'est pourquoi elle est l'un des pays dont la présence ou l'absence dans la région suscite le plus de réactions"
, a-t-elle affirmé.

Tepeciklioglu a noté que la Russie veut accroître son influence en Afrique en termes de ressources naturelles et de potentiel de vente d'armes, mais sa priorité n'est pas la région en raison de la guerre en Ukraine, et a poursuivi:

"Il y a un vide de pouvoir en Afrique en raison de la montée du sentiment anti-français. La Russie est prête à combler ce vide, mais elle n'est pas un acteur très efficace dans la région. Le fait que la Russie ait été l'un des pays les plus actifs sur le continent pendant la période de la guerre froide et qu'elle ne soit pas associée au colonialisme est un grand avantage. Cependant, alors que la Russie était active dans la région par l'intermédiaire de sociétés de sécurité privées, elle a aujourd'hui d'autres priorités, comme la crise ukrainienne. C'est pourquoi elle doit y transférer une grande partie de ses ressources."

Les acteurs de la politique étrangère dans la région doivent être diversifiés


Tepeciklioglu a souligné que lorsque l'on observe les coups d'État successifs en Afrique et le sentiment anti-français croissant, on comprend que les peuples sont en quête de liberté et veulent se débarrasser de la colonisation.


"Il peut y avoir des acteurs importants en Afrique en termes de politique étrangère, mais être dépendant d'eux n'est pas bon pour les pays de la région. La Russie possède des armes de l'Union soviétique dans de nombreux pays africains. Cela crée une relation de dépendance entre la Russie et les pays de la région. En effet, ils comptent sur la Russie pour la modernisation de ces armes, la fourniture de pièces détachées et la formation de l'armée à l'utilisation de ces armes"
, a-t-elle annoncé.

Tepeciklioglu a insisté sur le fait que les pays occidentaux ne seront pas considérés comme une puissance étrangère alternative dans des pays tels que le Gabon, où le sentiment anti-français est en hausse.

"Aux yeux des Africains, les puissances étrangères alternatives ne seront pas les pays occidentaux, mais des pays comme la Russie, la Chine, l'Inde ou la Türkiye. Les anciennes colonies auront ainsi l'occasion de montrer à la France qu'elle n'est pas leur seule option. La diversification des partenaires commerciaux étrangers est très importante sur le plan économique. La France est dépendante des ressources naturelles de l'Afrique, mais si ces pays ne vendent pas leurs ressources, elle devra trouver de nouvelles alternatives",
a-t-elle ajouté.

Se référant aux allégations selon lesquelles la France envisage de reprendre le pouvoir dans la région en changeant les gouvernements en Afrique, Tepeciklioglu a déclaré:


"On sait qu'il y a eu des désaccords entre la famille Bongo au pouvoir et la France avant le coup d'État du 30 août au Gabon, mais il n'y a pas encore de preuve que le coup d'État a été soutenu par une quelconque puissance étrangère. L'armée semble avoir pris le pouvoir parce que les conditions étaient favorables."

La population gabonaise a accueilli avec joie la prise de pouvoir par l'armée


Tepeciklioglu rappelle que la famille Bongo est au pouvoir au Gabon depuis 1967 et qu'Omar Bongo, décédé en 2009, a été remplacé par son fils Ali Bongo.


"Alors que l'armée organisait un coup d'État, elle a soulevé le fait que le gouvernement, au pouvoir depuis de nombreuses années, ne représente plus le peuple, qu'il s'agit d'une mauvaise administration impliquée dans la corruption et qu'il y a des injustices en matière de partage des richesses dans le pays. Ces conditions ont facilité la prise de pouvoir par l'armée"
, a indiqué la professeure.

En affirmant que l'élection d'Ali Bongo à la présidence pour la troisième fois n'a pas été accueillie avec joie par le peuple, Tepeciklioglu a conclu:
"le peuple n'avait pas confiance dans le gouvernement actuel. L'élection d'Ali Bongo à la présidence pour la troisième fois a été contestée et la prise de pouvoir par l'armée a été accueillie avec une grande joie".

Après le Soudan, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, l'armée a annoncé avoir pris le pouvoir au Gabon le 30 août après des élections contestées.


Ali Bongo Ondimba avait remporté pour la troisième fois l'élection présidentielle du 26 août selon les résultats officiels mais le déroulement de l'élection a suscité des soupçons de fraudes et des irrégularités dénoncées par l'opposition.

Les militaires regroupés sous le nom du
"Comité pour la transition et la restauration des institutions"
(CTRI) avait ensuite annoncé l'annulation de l'élection et fermé les frontières.

Le général Brice Oligui Nguema, commandant de la Garde républicaine, a été nommé à la tête du CTRI.

Pour rappel, la famille Bongo a dirigé le Gabon pendant 56 ans.


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