Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
À Yaoundé au Cameroun, une série d’assassinats ciblés de chauffeurs de taxi, avec 35 morts en deux mois, suscite une vive inquiétude et mobilise syndicats et autorités pour contrer cette menace.
Ces dernières semaines, Yaoundé, la capitale camerounaise, est le théâtre d'une série d'assassinats ciblés de chauffeurs de taxi, plongeant la profession dans une profonde inquiétude. Selon le syndicat national des employeurs des transports terrestres, Synester, 35 chauffeurs ont été tués au cours des deux derniers mois après avoir pris leurs bourreaux à bord. Cette situation alarmante a suscité une réaction immédiate des syndicats et des autorités, qui tentent de trouver des solutions face à cette menace grandissante.
Les témoignages de chauffeurs de taxi révèlent l'ampleur de la peur qui s'est installée parmi les professionnels du secteur. Maurice Achille Ngouck, chauffeur VTC, exprime son angoisse :
"Ce n'est pas toujours aisé de savoir à qui on a affaire, étant donné que les identités des clients ne correspondent pas toujours à celles de leurs cartes nationales d'identité. La peur, l'anxiété... elle est toujours présente"
. Cette méfiance est exacerbée lorsque la nuit tombe, rendant le choix d'un passager encore plus délicat.
Un autre témoignage poignant vient de Boyong Tcheukam Fabrice, un conducteur de taxi de ville. Il raconte une expérience traumatisante :
"J'ai pris un homme âgé qui avait acheté des croissants. Je ne pouvais pas imaginer qu'il pouvait avoir d'autres intentions. Après avoir pris un croissant, j'ai commencé à me sentir fatigué. J'ai dû garer mon véhicule et appeler à l'aide"
. Ce récit illustre à quel point la menace est insidieuse, se cachant derrière des apparences inoffensives.
Réunion de sécurité et recommandations
Face à cette situation critique, une réunion de sécurité a été organisée entre la gendarmerie et les syndicats de taxis pour discuter des mesures à prendre.
Jean Collins Ndefossokeng, président du SYNESTER, a souligné l'importance de la technologie dans la lutte contre ces crimes :
"Nous avons conseillé aux chauffeurs d'installer des GPS dans leur taxi afin de pouvoir retracer les véhicules"
. Cependant, il a également averti que les criminels, conscients de ce risque, pourraient aller jusqu'à tuer les chauffeurs pour éviter d'être appréhendés.
Les autorités, bien que sous pression, n'ont pas souhaité faire de commentaires détaillés sur la situation, mais elles ont recommandé l'installation de dispositifs GPS dans les véhicules.
Cette mesure vise à renforcer la sécurité des chauffeurs, mais elle ne suffit pas à apaiser les craintes des professionnels du secteur.
Les défis de la sécurité publique
Cette vague d'assassinats met en lumière les défis auxquels sont confrontées les autorités camerounaises en matière de sécurité publique et de lutte contre la criminalité organisée.
Les syndicats de taximen appellent à une mobilisation générale et à des mesures de sécurité accrues. La situation est d'autant plus préoccupante qu'un incident choquant a récemment été signalé :
le corps sans vie d'un chauffeur a été retrouvé dans le lac municipal de Yaoundé, avec des éléments de l'enquête suggérant que certains organes auraient été prélevés
. Ce détail macabre renforce l'urgence de la situation.
Des patrouilles supplémentaires ont été déployées dans les zones considérées comme à risque, et un appel à la vigilance a été lancé à tous les conducteurs de taxi. La nécessité de sensibiliser la population aux dangers de ces pratiques est plus pressante que jamais.
Pendant que les syndicats et les autorités tentent de trouver des solutions, la peur continue de ronger les professionnels du secteur. La vie de ces professionnels dépend désormais de la capacité des autorités à répondre à cette crise de manière efficace.
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