A l'abri derrière le "Black Wolf", le blindé de 9 tonnes dernier cri du Raid, une colonne d'hommes en noir casqués et armés progresse lentement vers l'école de police de Draveil (Essonne), théâtre la semaine dernière d'une simulation d'attaque terroriste grandeur nature.
Une heure plus tôt, quatre assaillants encagoulés et équipés de fusils d'assaut ont pénétré dans le bâtiment principal du site, l'ancien château des Bergeries édifié à la fin du XIXe siècle, dont l'habituelle quiétude est tout à coup noyée sous les gaz lacrymogènes et le vacarme des grenades.
Quand l'équipe d'alerte du Raid débarque de sa base de Bièvres, située à une trentaine de kilomètres, des unités intermédiaires - les compagnies départementales d'intervention (CDI) des Yvelines et de l'Essonne - ont déjà investi les lieux.
Un brief est organisé au PC (poste de commandement) de crise improvisé sur le parking de l'école. Plan du site à la main, le capitaine Romain, responsable de la colonne, transmet à ses chefs d'équipe les dernières informations récoltées par les policiers primo-intervenants: la localisation des assaillants encore en vie, le nombre de victimes et d'otages.
Un membre d'une CDI, le "poisson-pilote", se glisse parmi les hommes du Raid pour les guider dans leur assaut.
Deux-cents effectifs de l'unité d'élite seront mobilisés chaque jour, dont une centaine lors de la très sensible cérémonie d'ouverture sur la Seine.
À mesure qu'elle progresse dans l'école, l'unité d'élite découvre un spectacle de désolation avec plusieurs corps - des élèves policiers figurants - jonchant un sol maculé de faux sang, dans le hall et jusqu'en haut de l'escalier en colimaçon menant aux combles.
Derrière une porte, au bout d'un couloir, un assaillant retient une quinzaine d'otages. Une liaison vidéo a été établie avec des négociateurs du Raid en formation, logés dans une pièce deux étages plus bas.
Après avoir échoué à obtenir la reddition, l'intervention est déclenchée. Une caméra filaire avec tête pivotante est glissée sous la porte pour s'assurer que l'assaillant ne se trouve pas en embuscade. Puis, grâce à un système de cordage astucieux, le spécialiste "effraction" parvient à ouvrir la porte en silence et hors de portée de tirs.
Simultanément, un dernier "hostile" sème la mort dans les dortoirs. Des braillements d'enfants, qui s'égayent pour de vrai de la cour de récréation d'une école primaire mitoyenne, donnent à la scène une atmosphère surréaliste.
Une fois assurée que l'accès aux coursives est clair, vide de toute menace immédiate, la colonne s'engage, accompagnée de Patton", un berger belge spécialiste de l'assaut. L'assaillant est finalement abattu après un échange de tirs. "Finex", fin de l'exercice.