La plupart des blessés peuvent encore marcher. Mais certains perdent l'équilibre et titubent à l'entrée d'un bâtiment qui porte des traces de bombardements et fait office d'hôpital de campagne, tout proche du front où les combats font rage.
Quelques-uns s'appuient sur leur fusil pour rester debout, d'autres se laissent glisser au sol, le dos contre un mur, épuisés.
Leur unité sondait les défenses russes lorsqu'elle a été détectée et ciblée. Les chars ennemis ont ouvert le feu à très courte distance.
Dans l'attente d'être examinés, certains échangent en entre eux et revivent l'attaque et le chaos subis, en agitant les bras et proférant des jurons.
L'équipe de médecins, dont certains sont encore en pantoufles, retire silencieusement les éclats d'obus reçus par les blessés.
L'hôpital de campagne est situé dans une ville fantôme, vidée de ses habitants. Les rues sont couvertes de débris et l'air secoué d'explosions incessantes.
Soudain, certains enfilent des gilets pare-balles et se précipitent pour secourir des soldats arrivés dans un autre véhicule blindé.
Des fusils sont appuyés sur des coins de murs, des talkies-walkies crachent les bruits de la guerre.
Le soldat Serguiï Podolyan est assis dans un couloir, seul. Ses paumes sont moites.
Les médecins travaillent moins depuis que les forces ukrainiennes ont abandonné la défense de Bakhmout en mai, et tentent de la prendre en tenaille par le nord-ouest et le sud-ouest.
Les soldats blessés ne pensent à rien d'autre qu'à continuer de se battre.
Ce dernier rejette fermement l'idée d'aller se faire soigner dans un véritable hôpital, loin du front.
Je ne peux pas leur dire non.
Cette jeune femme de 23 ans travaillait comme coiffeuse en Pologne lorsque la Russie a envahi l'Ukraine il y a 17 mois. Elle est vite rentrée dans son pays, quand des millions d'autres le quittaient à la hâte.
Je voulais être utile.
Une fois la plupart des blessés soignés, les médecins s'accordent un peu de détente, les yeux rivés sur leur téléphone portable.
L'ancienne coiffeuse plaisante avec le jeune Serguiï Podolyan pour tenter d'atténuer le stress du soldat novice.
Le regard dans le vide, le Dr Orlov reste assis près de la table d'opération, dans un silence pesant.
Une nouvelle équipe médicale retournera bientôt vers le "point zéro" - l'épicentre même des combats - comme le nomment les Ukrainiens, pour secourir d'autres blessés.