Le Bangladesh se réveille au milieu de bâtiments incendiés et sans internet

09:3819/07/2024, Cuma
AFP
Des personnes passent devant des véhicules brûlés par des étudiants lors de la manifestation contre les quotas à Dhaka, le 19 juillet 2024.
Crédit Photo : Munir UZ ZAMAN / AFP
Des personnes passent devant des véhicules brûlés par des étudiants lors de la manifestation contre les quotas à Dhaka, le 19 juillet 2024.

Les habitants du Bangladesh se sont réveillés vendredi sans connexion internet et face à des bâtiments gouvernementaux incendiés, à la suite des violents affrontements entre forces de l'ordre et étudiants. Ces derniers ont causé la mort de 39 personnes en 48 heures.

Les manifestations, débutées en juillet pour réclamer la fin du système de quotas dans la fonction publique, ont dégénéré en heurts de plus en plus violents, particulièrement meurtriers ce jeudi avec 32 morts.


Les affrontements ont touché près de la moitié des 64 districts du pays.
"Des mécréants ont incendié, vandalisé et mené des activités destructrices"
contre des édifices de la police et du gouvernement, a indiqué la police dans un communiqué, publié jeudi soir, après une coupure
"quasi totale"
d'internet à travers tout le pays. Parmi les bâtiments attaqués figure celui de la télévision d'État BTV à Dacca, incendié par des centaines d'étudiants.

700 blessés


"Une centaine de policiers ont été blessés lors des affrontements"
de jeudi, a déclaré à l'AFP Faruk Hossain, porte-parole de la police de la capitale, précisant qu'une
"cinquantaine de postes de police ont été incendiés"
. La police a averti qu'elle serait
"obligée de faire un usage maximal de la loi"
si ces actions destructrices se poursuivaient.

La majorité des décès recensés sont dus aux interventions de la police, selon des sources hospitalières. Plus de 700 personnes ont été blessées jeudi, parmi lesquelles 104 policiers et 30 journalistes. La chaîne privée Independent Television a rapporté que des affrontements ont eu lieu dans 26 districts du pays.

Les manifestations, organisées pour obtenir la fin des quotas d'embauche dans la fonction publique, ont pris de l'ampleur et sont devenues de plus en plus violentes au fil des jours. La Première ministre Sheikh Hasina a condamné mercredi les
"meurtres"
de manifestants et promis que les responsables seraient punis, quel que soit leur bord politique. Cependant, la violence n'a cessé d'augmenter.

Empêcher toute communication


Des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes alors que la police anti-émeute chargeait les manifestants, qui avaient dressé des barrages humains sur des routes et des autoroutes. Les étudiants réclament un recrutement basé sur le mérite et dénoncent le système des quotas comme une manière de favoriser les partisans de Mme Hasina.


Mubashar Hasan, expert du Bangladesh à l'Université d'Oslo, a expliqué que ces rassemblements reflétaient un mécontentement généralisé à l'égard du régime. Les manifestants
"protestent contre le caractère répressif de l'État"
et accusent Hasina de s'accrocher au pouvoir par la force.

"Nous exigeons d'abord que la Première ministre nous présente ses excuses"
, a déclaré Bidisha Rimjhim, une manifestante de 18 ans.
"Il faut que justice soit rendue pour nos frères tués"
.

Une coupure d'internet "à l'échelle du pays" reste en vigueur, a déclaré vendredi l'organisation de défense du réseau Netblocks, basée à Londres.
"Les perturbations empêchent les familles de se contacter et étouffent les efforts visant à documenter les violations des droits de l'homme"
, a écrit l'organisation sur les réseaux sociaux.

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