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Tunisie: rassemblement de protestation dans la capitale contre la visite de Meloni

Une vingtaine de personnes ont protesté dans la capitale, Tunis, contre la visite de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, en Tunisie, a constaté la presse.

17:15 - 6/06/2023 mardi
MAJ: 18:58 - 6/06/2023 mardi
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La Première ministre tunisienne, Najla Bouden (D) reçoit son homologue italienne, Giorgia Meloni (G), à Tunis en Tunisie. Crédit Photo: Service de presse du gouvernement tunisien / AFP
La Première ministre tunisienne, Najla Bouden (D) reçoit son homologue italienne, Giorgia Meloni (G), à Tunis en Tunisie. Crédit Photo: Service de presse du gouvernement tunisien / AFP
Le rassemblement de protestation organisé à l’appel du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes, organisation non gouvernementale), sous le slogan
"Meloni vous n'êtes pas la bienvenue en Tunisie"
, s’est tenu sur le parvis du Théâtre Municipal, situé sur l’avenue Habib Bourguiba, artère principale du centre-ville de Tunis.

Les protestataires ont brandi des pancartes et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire:
"Giorgia Meloni, persona non grata"
,
"Il vaut mieux être un porc que fasciste"
,
"La vérité pour les mères des migrants disparus, la dignité pour les migrants"
,
"Migrer est un droit" "Arrêtez la chasse aux migrants".

Le porte-parole du Ftdes, Romdhane Ben Amor, a estimé que
"la visite de la première ministre italienne en Tunisie s’inscrit dans la même logique des politiques de pression et de chantage exercées par l’Union européenne à l’encontre de Tunis"
.

"Giorgia Meloni n’est pas la bienvenue en Tunisie, parce que la responsable italienne incarne les politiques hostiles aux migrants en Italie, lesquelles imposent des restrictions et empêchent le travail des ONG qui veulent venir en aide aux migrants en Méditerranée. C’est encore Meloni qui promulgue les décrets qui visent à resserrer l’étau sur les migrants irréguliers en Italie, et c’est toujours elle qui plaide pour le refoulement des migrants tunisiens arrivés en Italie"
, a expliqué Ben Amor.

Et d’ajouter :
"Giorgia Meloni viole les droits et porte atteinte à la dignité de tous les migrants, particulièrement les migrants tunisiens détenus dans les centres de rétention qui sont victimes d’abus, bien que la Cour européenne des droits de l’homme a condamné ses violations"
.

Le porte-parole de l’ONG chargée des questions migratoires demande au gouvernement tunisien de ne pas céder au chantage de Rome.


"Nous exigeons que le processus de négociation avec l’Italie et les autres pays de l’UE soit équitable, qu’il puisse traduire une souveraineté réelle, une souveraineté qui respecte les droits et la dignité des migrants, une souveraineté qui permet de rompre totalement avec le rôle de garde-frontière de l’Europe endossé par la Tunisie. La souveraineté, c’est de pouvoir négocier d’égal à égal avec Meloni"
, a ajouté Romdhane Ben Amor.

De son côté, Imed Soltani, président de l’association la "Terre pour tous"
a souligné que
"le président Kaïs Saïed doit comprendre que Rome ne défend que ses propres intérêts. Il ne faut pas croire aux promesses de l’Italie ; 'nous allons soutenir la Tunisie', 'nous allons aider la Tunisie', 'nous sommes des partenaires'"
.

Interpellant Saïed, Soltani a déclaré :
"Président, nous vous l’avons déjà dit et répété : non aux négociations avec l’Italie
(…)
Meloni ne cherche nullement à aider la Tunisie, ni à sauver son économie, mais elle manœuvre pour négocier un accord migratoire plus criminel, plus raciste, qui va engendrer encore plus de morts et de disparus"
.

Le président de l’association la "Terre pour tous", touché personnellement par un drame migratoire, - deux de ses proches avaient disparu en 2013 en tentant de rallier illégalement l’Italie via la Méditerranée -, a estimé que
"l’UE a déclaré la guerre aux migrants"
, ajoutant que toutes les politiques d’aide encouragées par Rome et l’UE, destinées à la Tunisie, ne sont que
"de purs mensonges"
.

"Tous les jours on compte des morts et des disparus en Méditerranée, mais l’UE et l’Italie ferment les yeux. Meloni c’est l’extrême droite, elle ne peut nous convaincre qu’elle est du côté des migrants, ni du côté de Tunis, elle ne fait que défendre les intérêts de Rome"
, a-t-il insisté.

Et Soltani de poursuivre :
"Nous disons 'non' aux accords de la honte qui déclarent la guerre aux migrants, nous voulons connaître la vérité sur nos proches disparus en mer depuis 2011"
.

La présidente du Conseil italien effectue, mardi, une visite
"d'amitié et de travail"
en Tunisie, à l’invitation du président tunisien Kaïs Saïed, selon un communiqué de la présidence tunisienne.

Saïed avait évoqué, vendredi, lors d'un entretien téléphonique avec Meloni, l’organisation d’une
"conférence internationale pour traiter la question de la migration irrégulière"
.

Certaines zones du littoral tunisien sont à moins de 150 km de l'île italienne de Lampedusa. La Tunisie connaît depuis le début de l’année 2023 une augmentation remarquable des flux migratoires irréguliers vers l’Europe, notamment vers les côtes italiennes, à la lumière des répercussions des crises économiques et politiques dans le pays et des conflits armés qui ravagent plusieurs autres pays africains.


Pour rappel, plus de 36 000 personnes sont arrivées en Italie par la Méditerranée depuis le début de l’année, contre environ 9 000 durant la même période en 2022, selon le ministère italien de l’Intérieur.


Face à l’afflux grandissant de migrants, Rome avait décrété, en avril dernier, l’état d’urgence migratoire pour six mois.


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