Gérald Darmanin propose de "supprimer" la dispense de visa dont bénéficient les officiels algériens

11:3814/01/2025, mardi
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Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin.
Crédit Photo : BERTRAND GUAY / AFP
Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a proposé de "supprimer" la dispense de visa dont bénéficient les officiels algériens, alors que les tensions franco-algériennes connaissent un nouveau pic depuis l'expulsion ratée d'un influenceur algérien.

"Il y a un accord de 2013 qui est un accord gouvernemental qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien, il y en a des milliers",
de
"venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement"
, a rappelé Darmanin dimanche sur LCI, estimant qu'
"il faut supprimer cette facilité".

"Toucher les dirigeants ou la plupart des dirigeants algériens qui ont la position de décision d'humiliation, comme l'a évoqué le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, ça me paraît plus intelligent, plus efficace et ça peut se faire très rapidement"
, a-t-il estimé.

Et de noter:
"C'est un pays souverain qui entend le dire et ils ont raison, nous devons les respecter. Mais ils doivent nous respecter aussi. L'Algérie doit respecter la France, la France doit respecter l'Algérie".


Les tensions entre Alger et Paris se sont accrues ces derniers jours sur fond de l'affaire de l'influenceur algérien Boualem N., connu sous le pseudonyme de Doualemn, expulsé en Algérie avant d'être renvoyé en France.

L'expulsion jeudi dernier de l'influenceur de 59 ans, interpellé à Montpellier pour
"incitation à la violence"
sur TikTok, a été refusée dans la foulée par les autorités algériennes qui l'ont renvoyé vers Paris.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a évoqué vendredi des mesures de rétorsion si Alger
"continue l'escalade".

Dans un entretien sur LCI, il s'est dit
"stupéfait"
par le refus de l'Algérie de reprendre l'influenceur. Parmi les options évoquées figurent une révision des quotas de visas, une réduction de l'aide au développement ou des ajustements dans la coopération bilatérale. Et de déclarer:

La France n'aura pas d'autre possibilité que de riposter si cette posture persiste.

Pour sa part, le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a vivement critiqué la décision des autorités algériennes de refuser l'entrée de Doualemn, estimant, lors d'un déplacement à Nantes, que
"l'Algérie cherche à humilier la France"
et qualifiant cette situation de
"seuil extrêmement inquiétant".

En réaction, le ministère algérien des Affaires étrangères a, dans un communiqué, dénoncé avec fermeté ce qu'il a qualifié de
"campagne de désinformation"
menée par certains courants politiques en France, notamment l'extrême droite, à l'encontre de l'Algérie. Et la diplomatie algérienne d'affirmer:

L'Algérie n'est, d'aucune façon, engagée dans une logique d'escalade, de surenchère ou d'humiliation.

"Au contraire, ce sont l'extrême droite, ses relais et ses porte-voix qui veulent imposer aux relations algéro-françaises leur haine exprimée publiquement et sans la moindre réserve ou limite"
, a-t-on ajouté.

Selon la même source,
"l'extrême droite, haineuse et revancharde, mène, à travers ses soutiens dans le gouvernement français, une campagne de désinformation contre l'Algérie".

Le Quai d'Orsay a à son tour réagi à ces déclarations, via son porte-parole Christophe Lemoine qui a déclaré samedi sur franceinfo que:


Depuis quelque temps, les autorités algériennes ont adopté une attitude assez hostile vis-à-vis de la France.

"Il n'y a pas de désinformation dans l'ensemble de cette séquence",
a-t-il ajouté, indiquant que la France a
"atteint avec l'Algérie, un seuil extrêmement inquiétant",
mais soulignant que la
"posture de dialogue (...) existe encore à Paris".

Lemoine est resté évasif sur les éventuelles démarches que la France pourrait entreprendre pour répondre à l'Algérie.
"C'est une réflexion qui est en cours entre le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, et tout particulièrement son ministre Jean-Noël Barrot, et le ministère de l'Intérieur"
, a-t-il noté.

De son côté, l'ancien député européen, Karim Zéribi, a dénoncé dès jeudi dernier ce qu'il a qualifié de
"climat politico-médiatique anti-algérien"
croissant en France, jugeant cette situation
"insupportable et irresponsable".

A noter que la détention de Doualemn, qui se trouve depuis jeudi dernier au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, a été prolongée dimanche de 26 jours. Ses avocats ont annoncé faire appel de la décision.


Un de ses avocats, Me Jean-Baptiste Mousset, a rejeté samedi, lors d'une déclaration publique, les accusations portées contre son client, assurant que les faits reprochés, notamment des propos traduits comme un appel au meurtre ou une incitation à la haine, avaient été mal interprétés. Il a précisé que les enquêtes menées sous la supervision du procureur de la République de Montpellier avaient conclu à l'absence de tout contenu haineux ou intention de nuire.


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