Le Burkina Faso s'indigne à son tour de propos d'Emmanuel Macron sur l'Afrique

10:5014/01/2025, mardi
AFP
Le Président du Burkina Faso, Ibrahim Traore.
Crédit Photo : Compte Officiel / Média X
Le Président du Burkina Faso, Ibrahim Traore.

Le chef de la junte au Burkina Faso a estimé lundi qu'Emmanuel Macron avait "insulté tous les Africains", après des propos où il dénonçait "l'ingratitude" de certains pays envers la France, provoquant la colère sur le continent.

"Je crois qu'on a oublié de nous dire merci. Ce n'est pas grave, ça viendra avec le temps. L'ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c'est une maladie non transmissible à l'homme",
avait notamment déclaré le président français, la semaine dernière, à propos des interventions militaires françaises contre les terroristes au Sahel.

"Il a insulté tous les Africains. (...) Voilà comment ce monsieur voit l'Afrique, voit les Africains. Nous ne sommes pas des humains à ses yeux",
a réagi lundi le capitaine Ibrahim Traoré lors d'une cérémonie de vœux.

Les relations entre le Burkina Faso et la France n'ont cessé de se détériorer depuis la prise de pouvoir par la force de ce capitaine de 36 ans, en septembre 2022.


Le Burkina Faso, comme ses voisins et alliés le Mali et le Niger, également gouvernés par des putschistes hostiles à Paris, ont obtenu entre 2022 et 2023 le départ des soldats français de leurs territoires.

Les trois pays se sont parallèlement rapprochés de Moscou, tout comme la Centrafrique, qui avait également exigé le départ des Français en 2022.


"Indignation"


La France a décidé de réorganiser son dispositif militaire en Afrique d'ici 2025, mais certains pays comme le Tchad et le Sénégal ont déjà amorcé ces changements.


Le Tchad, dernier point d'ancrage de la France au Sahel, a dénoncé l'accord de coopération militaire et exigé le départ des troupes françaises d'ici fin janvier. Deux bases militaires ont déjà été rétrocédées.

Le Sénégal, pour sa part, a demandé la fermeture des bases françaises et la fin de toute présence militaire étrangère, selon un calendrier à définir.

Ces deux pays ont également critiqué les propos de M. Macron, qui avait affirmé que la France avait consenti par politesse à certains pays africains
"la primauté de l'annonce"
concernant la réorganisation de son dispositif militaire.

"Je voudrais exprimer mon indignation vis-à-vis des propos récemment tenus par le président Macron qui frisent le mépris envers l'Afrique et les Africains. Je crois qu'il se trompe d'époque",
a déclaré le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno.

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a également dénoncé des propos
"totalement erronés"
et rappelé que la décision du Sénégal
"découle de sa seule volonté",
en tant que
"pays souverain".

"Si vous voulez une rupture avec ces forces impérialistes, c'est simple, on dénonce les accords. Si on ne dénonce pas les accords, juste dire qu'ils quittent les bases (militaires), on n'a rien fait",
a affirmé lundi le capitaine Traoré.

Et d'ajouter:

Les Africains doivent se réveiller. Nous devons travailler à être indépendants. Il faut décoloniser les mentalités.

La France prévoit également de retirer progressivement ses militaires de Côte d'Ivoire et du Gabon, deux pays avec lesquels les relations restent bonnes.


Une base subsistera sur le continent africain, à Djibouti. Avec près de 1.500 hommes, elle abrite le plus gros contingent français à l'étranger, et les accords militaires qui lient les deux pays ont été renouvelés en juillet 2024.


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