Le candidat nationaliste à la présidentielle roumaine Calin Georgescu a appelé à la mobilisation dimanche contre l'annulation du vote par la Cour constitutionnelle sur fond de suspicions d'ingérence russe en sa faveur.
Fait extrêmement rare en Europe, la justice a annulé vendredi le scrutin dans ce pays membre de l'Otan et voisin de la guerre en Ukraine, alors que Calin Georgescu avait remporté le premier tour à la surprise générale. Les autorités l'accusent d'avoir bénéficié d'une campagne de soutien illicite, notamment sur TikTok.
L'enquête a été ouverte cette semaine après la déclassification de documents des services de renseignements étayant des accusations sur le rôle de TikTok dans la campagne, avec la Russie dans le viseur.
Dans l'UE, le dernier vote majeur annulé par la justice remonte à 2016: le deuxième tour de l'élection présidentielle autrichienne avait dû être répété en raison d'irrégularités dans le comptage, sans qu'une fraude ne soit identifiée.
Comptes TikTok
Ils font aussi état d'un compte appartenant à Bogdan Peschir, qui a versé des paiements de 381.000 dollars (361.000 euros) entre le 24 octobre et le 24 novembre aux internautes contribuant à promouvoir le candidat.
Sept millions d'euros en cryptomonnaies ont été trouvés chez lui par les enquêteurs, affirment deux médias roumains.
Anonyme jusqu'à peu, il a comparé son soutien pour Calin Georgescu à celui d'Elon Musk pour Donald Trump.
L'équipe de campagne de M. Georgescu a refusé de commenter les perquisitions. Mais le candidat a déclaré sur Sky News qu'il n'y avait "aucun lien" entre la Russie et lui.
"Décision illégale"
Critique de l'UE et de l'Otan, l'ancien haut fonctionnaire de 62 ans est pour l'arrêt total de l'aide militaire à l'Ukraine voisine.
Le président pro-européen Klaus Iohannis a salué l'annulation. Il reste pour l'heure en poste jusqu'à l'élection de son successeur et s'est entretenu samedi avec la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen.
La date du nouveau scrutin sera fixée par le futur gouvernement issu des récentes législatives, qui ont donné un parlement fragmenté avec un tiers des voix pour des partis d'extrême droite.