Crédit Photo : ALFREDO ZUNIGA / AFP
Venancio Mondlane, candidat présidentiel de l'opposition pour le "Parti optimiste pour le développement du Mozambique" (PODEMOS), assiste à une veillée organisée à la suite de l'assassinat de son conseiller et avocat Elvino Dias, et de Paulo Guambe, du parti PODEMOS soutenant Mondlane, à Maputo, le 19 octobre 2024.
Le principal opposant mozambicain, Venancio Mondlane, doit rentrer au pays jeudi dans un climat de tension extrême, après des mois de manifestations violentes contestant la victoire du parti au pouvoir aux élections du 9 octobre.
Tôt dans la matinée, les accès à l'aéroport de Maputo étaient bloqués par des check-points de police, interdisant aux partisans de l'opposition, désireux d'accueillir
comme l'appelle la rue, d'approcher. Un homme a été blessé par balle à la tête, a constaté un photographe de l'AFP.
Sous une pluie soutenue, des centaines de jeunes partisans se sont vu refuser l'accès à l'aéroport, situé à seulement quelques kilomètres du centre de la capitale, où seuls les journalistes ont été autorisés à se rendre.
À moins d'une semaine de l'investiture de Daniel Chapo à la tête de l'État, assurant la continuité du parti Frelimo, aux commandes du pays depuis un demi-siècle, ce retour de l'opposant pourrait faire basculer le Mozambique dans le chaos, redoutent de nombreux experts.
Ce parlementaire de 50 ans, ancien chroniqueur de radio, s'était exilé dans un lieu tenu secret après l'assassinat de deux de ses proches en octobre, peu avant l'annonce de la victoire du Frelimo.
Avant Noël, la plus haute cour du pays a confirmé un score de 65,17 % des voix pour M. Chapo et seulement 24 % pour M. Mondlane.
"Venancio rentre et reprend l'initiative politique",
résume Eric Morier-Genoud, professeur à la Queen's University de Belfast.
Son retour est risqué, mais encore plus pour le Frelimo.
Alors que le parquet a engagé des poursuites contre l'opposant, l'accusant d'être responsable des violences, pillages et dégradations ayant marqué les manifestations dénonçant une élection
, il risque d'être arrêté dès son arrivée à l'aéroport de Maputo, prévue peu après 08H00 (06H00 GMT).
"Si le gouvernement arrête Venancio, cela attirera l'attention négative des médias internationaux
" et promet des
"manifestations potentiellement très dangereuses",
souligne M. Morier-Genoud. S'il n'est pas arrêté, l'opposant
de l'attention
"et le Frelimo en sort affaibli à quelques jours de l'investiture des députés"
lundi, puis du président mercredi, pronostique-t-il.
La situation sur le terrain reste très tendue. Les manifestations post-électorales, qui ont fait 300 morts depuis octobre selon une ONG locale, se sont transformées en une protestation plus générale contre le pouvoir dans ce pays pauvre et inégalitaire.
Le retour de l'ennemi numéro un du Frelimo est
"un événement crucial qui va soit déstabiliser"
davantage le pays,
"soit résoudre la crise politique",
estime Tendai Mbanje, du Centre africain pour la gouvernance.
Certains
"redoutent son arrestation, voire son assassinat",
car plusieurs hauts responsables de l'opposition ont été
"arrêtés, pris pour cible et certains assassinés"
, ajoute le chercheur. L'un ou l'autre de ces scénarios
"déclencherait un conflit civil et une source d'instabilité sans fin".
Le Frelimo, s'il
"souhaite unir le pays, doit considérer son retour comme une opportunité de dialogue pour avancer",
fait-il valoir.
Pour le chercheur mozambicain Joao Feijo,
"si les autorités arrêtent ou tuent Venancio Mondlane, il y aura des manifestations aux conséquences imprévisibles. Nous parlons d'une population qui a déjà goûté à la désobéissance et n'a peur de rien",
prévient-il.
Dans les rues de la capitale, beaucoup redoutent de nouvelles violences et espèrent une arrivée sans heurts du leader de l'opposition.
"Il y a déjà eu beaucoup d'effusion de sang",
note Americo Bulule, un tailleur de 52 ans, en levant les yeux des rideaux qu'il raccommode.
"J'aimerais que son arrivée ne soit pas un problème et que la police donne accès à ses partisans",
qui viendront le chercher à l'aéroport,
"sans armes et sans lacrymo".
Car, pour lui,
"ce sont souvent les forces de sécurité qui créent le problème".
Au lieu d'
le retour de l'opposant
"pourrait se transformer en bain de sang",
redoute-t-il.
Fatima Pinto, 20 ans, technicienne santé de formation, parle d'espoir. Beaucoup de jeunes, comme elle,
"ont étudié et sont assis à la maison avec leur diplôme".
Le retour de Venancio,
"c'est un peu de lumière dans notre obscurité".
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