Rafah: Ces déplacés palestiniens qui refusent partir

12:5513/02/2024, Salı
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Une femme palestinienne tient sa fille blessée alors qu'elles se dirigent vers une clinique à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 février 2024.
Crédit Photo : MOHAMMED ABED / AFP
Une femme palestinienne tient sa fille blessée alors qu'elles se dirigent vers une clinique à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 février 2024.

Les Palestiniens déplacés redoutent une éventuelle opération militaire israélienne à Rafah, une ville située dans le sud de la bande de Gaza, craignant qu'elle ne débouche sur des massacres et des crimes de génocide visant les civils. Malgré ces appréhensions largement partagées, les Palestiniens interrogés par le correspondant d'Anadolu rejettent fermement toute tentative de les déplacer en dehors de la bande de Gaza. Ils affirment leur attachement à leurs terres et préfèrent "mourir à Gaza plutôt que d'être déplacés vers le Sinaï égyptien".

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a annoncé mercredi que l'armée israélienne était en train de préparer une opération militaire à Rafah. De son côté, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré lundi que Rafah était la prochaine cible de l'armée après Khan Younès.


Mercredi, lors de sa rencontre avec le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, au siège de la présidence dans la
"Muqata'a"
à Ramallah, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a mis en garde contre les conséquences d'une opération militaire israélienne à Rafah visant à contraindre les citoyens au déplacement. Mahmoud Abbas a réaffirmé son opposition à tout déplacement forcé du peuple palestinien, que ce soit dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie, y compris à Jérusalem.

Depuis que l'armée israélienne a demandé aux habitants du nord et du centre de la bande de Gaza d'évacuer leurs habitations pour se rendre au sud du territoire, la ville de Rafah est devenue le dernier refuge pour les Gazaouis. Dans cette ville remplie de tentes, près de 1,5 million de Palestiniens se sont entassés. Avant le conflit, Rafah comptait environ 300 000 habitants.


Des dizaines de milliers de personnes ont afflué ces derniers jours vers la ville, notamment à la suite de l'escalade des opérations militaires israéliennes à Khan Younès.

Des organisations humanitaires internationales et des défenseurs des droits de l'homme ont mis en garde contre toute activité militaire israélienne à Rafah, susceptible d'entraîner des pertes importantes en vies humaines.


Le Bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a averti mercredi du risque de crimes de guerre si Israël étendait son invasion de Gaza à la ville densément peuplée de Rafah, soulignant la nécessité de tout mettre en œuvre pour éviter cette offensive.


"Plutôt mourir à Rafah que d'être déplacé dans le Sinaï"


Déplacés de force vers le Sinaï ? Plutôt mourir. Sur un ton martial, Raed al-Sharafa, 62 ans, a déclaré:
"Plutôt mourir ici à Rafah que d'être déplacé de force vers le Sinaï. Quand nous avons quitté notre maison et évacué vers le sud par la force, ils ont bombardé l'école Abu Bakr Al-Siddiq et mon fils a été tué"
.

Le sexagénaire a expliqué qu'il avait été déplacé de Gaza vers Rafah contre sa volonté, mais qu'il avait été contraint de le faire pour le bien de ses petits-enfants.
"Même s'ils me tuent, je ne quitterai pas la ville de Rafah. C'est totalement impossible et impensable, et c'est le cas pour l'ensemble du peuple palestinien, pas seulement pour moi"
, a-t-il insisté.

Azhar Hamdi, une déplacée de Gaza, partage la même position ferme que Raed al-Sharafa et rejette catégoriquement l'idée d'être déplacée vers le Sinaï. Elle a affirmé:
"Je préfère mourir sur la terre de Gaza - cette cité palestinienne digne et rebelle - que de penser la quitter".
Elle a martelé:
"N'est-il pas suffisant que nous soyons déplacés à l'intérieur de nos terres ?! Nous n'acceptons pas et n'accepterons pas d'être déplacés vers le Sinaï".

"Il est surprenant que l'armée israélienne persiste à commettre des massacres et des génocides partout dans la bande de Gaza sans respecter la décision de la Cour internationale de justice ni répondre aux pressions internationales",
a-t-elle relevé.

Massacres et crimes de génocide


Hadj Ibrahim Aouad, 63 ans, a affirmé que
"si l'armée israélienne pénètre dans la ville de Rafah, elle va perpétrer des massacres et des crimes de génocide contre des civils innocents". "Où devrions-nous aller ? Il ne nous reste plus beaucoup de temps à vivre, et il vaut mieux que nous mourions ici dans notre pays"
, a-t-il dit, refusant catégoriquement l'idée de déplacer les Palestiniens vers la péninsule du Sinaï, dans le nord-est de l'Égypte.

Depuis que l'armée d'occupation israélienne a demandé aux habitants du nord et du centre de la bande de Gaza d'évacuer leurs habitations pour gagner le sud du territoire, la ville de Rafah est devenue le dernier refuge pour les Gazaouis.


Dans cette ville envahie de tentes, près de 1,5 million de Palestiniens se sont entassés. Avant le conflit, Rafah comptait environ 300 000 habitants. Des dizaines de milliers de personnes ont afflué ces derniers jours vers la ville, notamment à la suite à l'escalade des opérations militaires israéliennes à Khan Younès.

Depuis le 22 janvier, l'armée israélienne a lancé une série de raids aériens et des frappes d'artillerie sur Khan Younès et à proximité de ses hôpitaux, tandis que les blindés israéliens poursuivent leur progression vers le sud et l'ouest de la ville, provoquant le déplacement de milliers de Palestiniens.


Depuis le 7 octobre 2023, l'armée israélienne mène une guerre sans répit dans la bande de Gaza, avec le soutien de Washington, qui a tué 28 340 personnes tuées, Palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, et blessé 67 984 autres, selon le dernier bilan communiqué lundi par le ministère de la santé de Gaza.


Le conflit a provoqué également
"des destructions massives et une catastrophe humanitaire sans précédent"
, selon l'ONU.

La Palestinienne Wafa Ahmed (58 ans) rejette aussi l'idée d'un déplacement vers le Sinaï ou tout autre endroit en dehors des territoires palestiniens. Wafa Ahmed, une femme déplacée de la ville de Gaza, a déclaré:
"La situation à Rafah est devenue très difficile, après que l'armée israélienne a intensifié ses raids ces derniers jours"
.

Elle craint que des massacres et des crimes de génocide ne soient commis contre les habitants et les personnes déplacées qui remplissent les rues de la ville. Elle a également évoqué son déplacement forcé au début de la guerre vers le petit village d'al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, avant de rallier la ville de Rafah.


Qusay Abdel Latif, une jeune palestinien de 19 ans, partage le même avis que les autres déplacés qui se sont confiés au correspondant d'Anadolu. Il a, en ce sens, exprimé ses craintes face à la perspective d'une opération militaire israélienne à Rafah, compte tenu de la densité de population sans précédent dans cette ville.


"La ville de Rafah est complètement remplie de personnes déplacées, il n'y a plus moyen de poser un pied par terre et il ne reste aucun endroit sûr dans la bande de Gaza"
, a déclaré le jeune palestinien.

Il a exprimé son rejet de l'idée d'un déplacement vers le Sinaï, se disant
"sidéré"
par le silence du monde entier concernant les opérations de déplacement forcé ordonnées par Israël contre le peuple palestinien.

Les déplacés sont répartis dans les camps, les centres d'hébergement, les rues, les artères, les places publiques et les parcs de Rafah, à la recherche d'un abri pour fuir les bombardements.

Pour sa part, la palestinienne Inchirah Hamad se demande comment l'armée israélienne peut-elle mener son opération militaire à Rafah compte tenu de la densité de population dans la ville.


La femme déplacée de la ville de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, a exprimé son refus d'être déplacée en dehors de la bande de Gaza. Et d'ajouter que si l'armée mène son opération militaire, elle risque de perpétrer des massacres et de tuer un grand nombre de personnes. Inchirah Hamad a exprimé son étonnement quant au refus d'Israël d'autoriser le retour des déplacés vers le nord de la bande de Gaza.


La native de Beit Hanoun préfère mourir dans la bande de Gaza plutôt que d'être déplacée vers le Sinaï ou ailleurs.
"Que ferions-nous dans un pays qui n'est pas le nôtre, qui n'est pas notre patrie ?"
, s'est-elle interrogée.

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