Anwaar-ul-Haq Kakar, 52 ans, originaire de la province du Baloutchistan (sud-ouest), a été choisi par le gouvernement de coalition sortant pour diriger le pays en proie à une crise politique, depuis qu'Imran Khan été chassé de son poste de Premier ministre en avril 2022.
Le climat politique est particulièrement tendu au Pakistan depuis que Imran Khan a été chassé du pouvoir et a mené une campagne sans précédent contre la puissante institution militaire. Le week-end dernier, le septuagénaire a été condamné pour corruption à trois ans de prison et incarcéré.
Ces derniers mois, les autorités ont sévèrement réprimé le parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI). Des heurts meurtriers avaient éclaté en mai entre ses partisans manifestant par milliers dans la rue et les forces de l'ordre. La quasi-totalité des dirigeants du PTI avaient été arrêtés ou contraints de se cacher.
En ayant suivi des cours à l'université de la Défense nationale - anciennement l'école de guerre de l'armée -, M. Kakar serait proche de l'institution militaire, selon l'analyste Ayesha Sidiqqa.
Il semble que l'establishment ait frappé un coup et trouvé quelqu'un qui veillera à ses intérêts plutôt qu'à ceux des politiciens.
Mercredi, le Parlement a été officiellement dissous et des élections doivent être organisées dans les 90 jours, conformément à la constitution, mais la diffusion le weekend dernier des données du dernier recensement pourrait les repousser.
Le mois dernier, le parlement a adopté à la hâte une loi donnant au gouvernement intérimaire plus de pouvoir pour négocier avec des organismes internationaux tels que le Fonds monétaire international. Un indice supplémentaire laissant présager qu'il pourrait rester en place pendant un certain temps.
Au Pakistan, derrière toute élection se cache l'armée, qui a organisé au moins trois coups d'Etat réussis depuis que le pays a été forgé à partir de la partition de l'Inde en 1947.
M. Khan a bénéficié d'un véritable soutien populaire lorsqu'il est arrivé au pouvoir en 2018, mais les analystes estiment que ce n'était qu'avec la bénédiction des puissants généraux du pays, avec lesquels il se serait brouillé dans les mois qui ont précédé son éviction.